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FONDANE BENJAMIN FUNDOIANU dit BENJAMIN (1898-1944)

Benjamin Fondane, de son vrai nom Benjamin Wechsler, est né en 1898 à Iasi, en Roumanie, dans une famille juive. De 1919 à 1923, à Bucarest, il travaille comme journaliste. Comme d'autres écrivains roumains (Cioran, Ionesco, Eliade), il se passionne pour la culture française et fait découvrir à ses compatriotes Baudelaire, Apollinaire et Gide. En 1922, s'inspirant de Jacques Copeau, il fonde à Bucarest Insula, un théâtre d'avant-garde, avec sa sœur aînée, Line, et son beau-frère Armand Pascal. En décembre 1923, il s'installe à Paris, et travaille un moment dans une compagnie d'assurances.

En 1928, sort son premier livre en français : Trois scenarii. Cinépoèmes. En 1929, il part pour Buenos Aires où, sur l'invitation de Victoria Ocampo, il vient présenter des films d'avant-garde et tenir une série de conférences. En 1930, il est engagé comme scénariste aux studios Paramount de Joinville-le-Pont (ses Écrits sur le cinéma seront publiés en 1984). S'il côtoie le surréalisme et, avec plus de sympathie, le Grand Jeu de Roger Gilbert-Lecomte et René Daumal, c'est toujours en tenant ses distances. Il se lie avec Cioran, Ribemont-Dessaignes et surtout Léon Chestov. À ses côtés, il s'initie à la philosophie, dont il tient la rubrique pour les Cahiers du Sud à partir de 1935, et tente de faire connaître en France la pensée du philosophe russe. En réponse à la volonté d'annexion du mythe Rimbaud, tant par Claudel que par Breton, Fondane publie le remarqué Rimbaud, le voyou (1933), dans lequel il renvoie dos à dos l'interprétation du poète catholique et la voyance supposée du rebelle de Charleville-Mézières. Il poursuit son travail de démolisseur dans La Conscience malheureuse (1936), une série d'articles où il polémique avec les philosophes de l'existence (Bergson, Kierkegaard, Heidegger) et dans le Faux Traité d'esthétique (1938). Au réalisme invoqué à tout propos, il oppose la poésie. Pour Fondane il s'agit d'une fonction existentielle à laquelle il convient de restituer sa valeur première, qui est intimement liée au sacré. À l'origine, la poésie faisait partie d'une expérience véridique de la réalité, tenue aujourd'hui pour honteuse ou obsolète. Ce choix éthique et esthétique apparaît également dans ses recueils poétiques, Ulysse (1933) ou Titanic (1937). Sa quête de sens passe par une quête de mots, préférant l'image forte, voire triviale, à la métaphore romantique. Bien avant d'autres, Fondane aura également vu juste sur Maeterlinck, Proust et surtout Céline. Chez celui-ci, il discerne les « tournesols qui se penchent déjà du côté des fascismes des vainqueurs » et qui prédisent que « l'homme d'aujourd'hui doit, pour être gai, marcher au moins sur un cadavre. »

En 1938, Benjamin Fondane obtient la nationalité française. Durant l'hiver de 1941-1942, il écrit son Baudelaire et l'expérience du gouffre, ouvrage inachevé et testament esthétique qui sera publié en 1967, suivi du Mal des fantômes et Au temps du poème, publiés en extraits en 1944. En mars de cette année-là, il est arrêté avec sa sœur Line, déporté à Auschwitz, puis gazé à Birkenau le 2 ou le 3 octobre. En dépit de la barbarie qu'il voyait poindre chez certains, toute son œuvre se sera bornée à redire la dignité de l'homme et sa confiance dans la poésie. Dans ses Exercices d'admiration (1978), Cioran se souvient de ce personnage inclassable et comme tel indispensable : « Le visage le plus sillonné, le plus creusé que l'on puisse se figurer, un visage aux rides millénaires, nullement figées car animées par le tourment le plus contagieux et le plus explosif. »

— Laurent LEMIRE

Bibliographie

Benjamin Fondane, numéro spécial de la revue Europe, no 827, mars 1998.

Site Internet : www.fondane.org[...]

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