FONDATION DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Les raisons politiques d’une telle institution
La création de l’Académie des sciences s’inscrit tout d’abord dans la longue histoire de la sociabilité savante, qui a commencé en Italie au xve siècle, avec la fondation des premières académies de l’âge moderne. Conçues comme des lieux d’échanges entre « lettrés », dans une logique de concurrence avec les universités, accusées de reproduire inlassablement les leçons d’Aristote, ces académies naissantes préfèrent exercer un encyclopédisme d’inspiration humaniste tout en se proposant de construire de nouveaux savoirs.
En France, ce n’est qu’au début du xviie siècle que se multiplient les premières structures privées de sociabilité savante. Celles-ci sont à l’origine, à partir de 1635 – date à laquelle Richelieu fonde l’Académie française –, du réseau des grandes académies d’État qui ont couvert progressivement tout le champ du savoir et de la culture : Académie de peinture et de sculpture (1647), Académie de danse (1661), Petite Académie (1663) – qui deviendra ultérieurement l’Académie des inscriptions et médailles, l’actuelle Académie des inscriptions et belles-lettres. Seules l’Académie de musique (1669) et l’Académie d’architecture (1671) seront fondées postérieurement à l’Académie des sciences.
Avec ces grandes académies, le pouvoir monarchique a mainmise sur des pratiques savantes relevant auparavant de la sphère privée. Toutefois, les premiers académiciens aspirent à cette prise en charge de leur activité par le pouvoir monarchique. Ils peuvent ainsi bénéficier des avantages matériels liés à « l’institution de la science » et obtenir la reconnaissance officielle du métier de savant, dont la spécificité n’a cessé de s’affirmer depuis les débuts du processus d’émergence de la science moderne, datés traditionnellement de la publication, en 1543, du De revolutionibusorbiumcoelestium de Nicolas Copernic.
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Écrit par
- Simone MAZAURIC : professeure émérite de l'université de Lorraine
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