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FONDATION DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

Les progrès du savoir

Dans tous les champs du savoir, dès le xvie siècle et surtout au début du xviie siècle, on voit se multiplier, dans la plupart des pays d’Europe occidentale, les « découvertes » (liées aux noms de Kepler, Vésale, Harvey, Galilée, Descartes, Pascal, Huygens…) et s’inventer de nouvelles méthodes d’exploration de la nature, au premier rang desquelles figurent l’observation et l’expérience, en lieu et place du « commentaire érudit ». Or la pratique de l’expérience, que l’on nommera ultérieurement « expérimentation », exige la fabrication d’instruments souvent coûteux et, donc, la mobilisation de moyens matériels et financiers importants, d’abord assurés par la pratique du mécénat privé ou par l’autofinancement de leurs propres travaux par les savants les plus fortunés. Émerge donc la conviction que le progrès du savoir ne continuera à être possible qu’à la condition que les États financent la recherche en créant des institutions spécialement destinées à cet effet et dotées de tous les moyens nécessaires à leur fonctionnement (bibliothèque, observatoire, laboratoire, jardin, etc.). L’Accademia del cimento (« Académie de l’expérience »), fondée à Florence par le prince Léopold de Médicis, en 1657, marque le point de départ de cette institutionnalisation de la science appelée de leurs vœux par les savants européens, à l’origine aussi de la fondation de la Royal Society à Londres en 1660.

En France, les aspirations de la communauté scientifique ont rencontré avec les intentions politiques de Colbert qui, à partir de 1661, assure la plupart des charges de gouvernement. D’une part, la création d’une académie destinée à favoriser l’avancement des sciences et des arts ne peut que contribuer à la gloire du roi et participe donc du projet d’absolutisation du pouvoir de la monarchie initié par Richelieu, poursuivi par Mazarin et prolongé par le principal ministre de Louis XIV. D’autre part, Colbert entend retirer de la nouvelle institution un important bénéfice économique. Le colbertisme, une variante du mercantilisme, attend en effet beaucoup des inventions des savants et des mécaniciens en termes de moyens d’enrichissement du royaume.

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