FONDATION DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
La fondation officielle de l’Académie des sciences
Toutefois, l’autorité exercée par la monarchie sur l’Académie des sciences est d’abord restée discrète, Louis XIV ne souhaitant pas s’engager davantage à son égard. Durant plus de trente ans, l’Académie a donc fonctionné sans faire l’objet d’une reconnaissance officielle plus explicite que celle qui avait accompagné sa création. La fin de la guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697), la brève amélioration de la conjoncture économique et la volonté d’accroître la gloire d’un monarque soucieux d’imposer son hégémonie en Europe ont favorisé la décision de refonder une institution dont l’utilité sociale, c’est-à-dire la capacité à satisfaire les besoins du royaume, s’impose avec de plus en plus d’évidence. Le 4 février 1699, Louis XIV accorde donc à l’Académie un règlement, composé de cinquante articles, qui organise dans les moindres détails son fonctionnement, et procède ainsi au « renouvellement » d’une institution qui, par cet acte, devient véritablement l’Académie royale des sciences. Durant près d’un siècle, celle-ci a concentré la pratique de l’activité scientifique dans le royaume de France ainsi que l’exercice de l’expertise technique et constitué une institution majeure du paysage savant européen. L’épisode révolutionnaire paraît lui porter un coup fatal : en 1793, un décret de la Convention supprime toutes les « académies des rois ». Toutefois, dès 1795, le Directoire crée l’Institut de France, qui reconstitue presque à l’identique l’ancien dispositif académique et regroupe cinq académies, dont l’Académie des sciences. Cependant, celle-ci tend progressivement à être dépossédée du monopole de la recherche scientifique. C’est d’abord dans les facultés de sciences et de médecine et dans les grands établissements d’enseignement et de formation des ingénieurs et des chercheurs que la recherche se développe. Puis, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le C.N.R.S. est fondé, prélude à la multiplication des centres de recherche couplés avec les universités. L’Académie des sciences est ainsi devenue aujourd’hui une institution où les chercheurs reçoivent la consécration de travaux accomplis en d’autres lieux. Mais son prestige, demeuré intact, lui permet de s’ériger en vitrine de l’activité scientifique et l’autorise à continuer à exercer une fonction régulatrice de la pratique de la science.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Simone MAZAURIC : professeure émérite de l'université de Lorraine
Classification