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FONDATIONS

Bilan des fondations

Quelques réalisations

Seules les grandes fondations américaines publient un compte rendu de leurs réalisations. Les plus remarquables sont :

– la réforme des études et de l'organisation médicales, l'aide aux hôpitaux, la découverte de l'insuline, de la pénicilline, du vaccin antipoliomyélitique, du code génétique, ainsi que, grâce notamment à la fondation Rockefeller, la lutte contre la fièvre jaune et la malaria ;

– l'aide aux universités et collèges, le développement systématique des bourses d'études et recherches, la revalorisation du traitement des professeurs (Carnegie), la télévision éducative (Ford), la réforme de l'enseignement des mathématiques (Carnegie) ;

– le développement des bibliothèques publiques (Carnegie), des musées, des orchestres symphoniques, des théâtres, des opéras ;

– les premières études sur les fusées (Smithsonian Institution), les grands télescopes des monts Wilson et Palomar ;

– la lutte contre l'usure, l'assistance judiciaire, la lutte contre la pauvreté et pour l'égalité des droits, notamment pour la promotion des Noirs (Ford) ;

– l'urbanisme et la sociologie industrielle ;

– l'assistance technique et culturelle aux pays en voie de développement, notamment la modernisation de l'agriculture mexicaine ou philippine (Rockefeller) et le contrôle des naissances aux Indes (Ford et Rockefeller, etc.).

Limites et achoppements

Si grandes que soient les vertus du système des fondations, il n'en comporte pas moins des limites, déjà dénoncées au xviiie siècle par Turgot dans l'Encyclopédie et souvent reprises, comme en écho, aux États-Unis eux-mêmes, notamment encore par les congressmen Wright Patman, en 1964, et Wilbur D. Mills, en 1969. Ces inconvénients sont essentiellement ceux de la « mainmorte » et des « corps intermédiaires », c'est-à-dire de l'accumulation de richesse, donc de puissance, entre les mains d'institutions pouvant échapper au contrôle des pouvoirs publics ou de l'opinion. Des abus sont alors possibles (fraude fiscale par l'intermédiaire de fondations prête-nom ; concurrence déloyale à l'égard des petites et moyennes entreprises grâce aux privilèges fiscaux de la fondation).

Les fondations ne sauraient être une panacée ; elles ne sauraient prétendre se substituer ni aux associations de personnes privées ni aux établissements publics (governmental agencies), lesquels restent irremplaçables dans leurs domaines respectifs. Leur vraie place se situe dans une position intermédiaire, d'autant plus difficile à préciser que l'évolution sociale déplace constamment les frontières. De plus, leur valeur est à la mesure de celle des hommes qui les animent. Or, la sclérose peut les menacer si elles ne font jouer la cooptation qu'en circuit fermé. Enfin, malgré leur prétention à la pérennité, leur fortune peut fondre avec la monnaie comme leur objet même disparaître avec le temps. L'exemple des États-Unis eux-mêmes montre d'autre part que les institutions privées ne sauraient plus faire face, toutes seules, aux besoins croissants de la société. De plus en plus l'État doit intervenir pour les aider, les compléter, voire les remplacer.

Mais ces critiques, comme le faisait observer un document de la trésorerie américaine en réponse au rapport d'enquête du sénateur Patman, ne sauraient éclipser leurs mérites. Tout au plus peut-on penser que les régimes continentaux, dès lors qu'ils sont adaptés aux mentalités, ne sont pas nécessairement inférieurs aux régimes anglo-saxons, plus libéraux. En prévoyant l'intervention de l'État, ils permettent en effet d'imposer aux fondations toutes garanties d'intérêt général. À défaut, il importe au moins que, comme aux États-Unis, les fondations se soumettent au contrôle de l'opinion publique (publication[...]

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Écrit par

  • : conseiller d'Etat, vice-président fonda-teur de la Fondation de France et de la Fondation du Collège de France, ancien élève de l'Ecole polytechni-que et de l'Ecole nationale d'administration.

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Média

Maison des sciences de l'homme - crédits : C. Mouly

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