FONDS RÉGIONAUX D'ART CONTEMPORAIN ou FRAC, France

La sédentarisation des F.R.A.C.

Définis dès l'origine par opposition au modèle muséal, voire contre lui (certains ont parlé d'« anti-musées »), les F.R.A.C. ont été conçus comme des structures sans murs, opérateurs d'une diffusion itinérante des œuvres d'art contemporain sur le territoire régional. Chaque année, 1,2 million de Français, dont un quart de scolaires, ont accès aux expositions autour des collections des F.R.A.C., qui se tiennent pour la plupart en dehors de lieux dédiés à la culture. Le développement des missions de médiation s'est fait autour d'expositions ou d'actions de sensibilisation artistique en milieu scolaire, de la maternelle à l'université, mais aussi en milieu hospitalier et carcéral, comme dans les maisons de retraite.

Néanmoins, des partenariats privilégiés se sont noués au fil des ans avec les musées. Pour faire face au problème du stockage et de la conservation dans de bonnes conditions des centaines d'œuvres acquises, les collections d'un F.R.A.C. ont pu être installées dans les réserves, ou sur les cimaises des musées de la région. Des prêts ou des dépôts, d'une durée allant de quelques semaines à plusieurs années, ont utilement comblé les importantes lacunes de certains musées des Beaux-Arts en matière d'art contemporain. En Midi-Pyrénées, région pauvre en équipements culturels, le F.R.A.C. a fusionné avec le musée des Abattoirs de Toulouse et bénéficie désormais d'un budget global conséquent de 4,5 millions d'euros ; l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne est né de la fusion du F.R.A.C. Rhône-Alpes et du centre d'art Le Nouveau Musée. Partout ailleurs, la nécessité de s'installer dans un local permanent et adapté à la conservation et à l'exposition des œuvres d'art contemporain s'est également imposée depuis le milieu des années 1990, soit que le F.R.A.C. partage des locaux avec d'autres institutions culturelles (c'est le cas à Rennes, avec les Archives de la critiques d'art) ou qu'il bénéficie d'un lieu spécifique (à Caen, Nantes ou Metz).

La tension entre nomadisme et sédentarisation, inhérente aux missions des F.R.A.C., semble se résoudre au profit de la seconde avec les projets de F.R.A.C. dits de « deuxième génération » mis en œuvre à l'occasion des trente ans des fonds en 2012-2013. À Rennes, Marseille, Besançon, Orléans, Dunkerque et Bordeaux, six nouveaux lieux ont été imaginés par des architectes selon un cahier des charges conjuguant l'affirmation d'une singularité forte et la reconnaissance de la médiation comme fonction essentielle. La Cité des arts de Besançon, réalisée au bord du Doubs par le Japonais Kengo Kuma, abrite le F.R.A.C. Franche-Comté et le Conservatoire régional sous une même toiture paysagère monumentale. Une semblable attention à la circulation des visiteurs et aux points de vue sur les œuvres caractérise le projet de réhabilitation de la « Cathédrale » de Dunkerque : symbole fort du passé industriel de la région, l'ancien bâtiment industriel des Ateliers et chantiers de France a été doublé d'un espace d'exposition expérimental dévolu au F.R.A.C. Nord-Pas-de-Calais.

Les F.R.A.C. fonctionnent de plus en plus en réseau, comme en témoigne la création en 2005 de l'association Platform, regroupement collégial des vingt-trois structures régionales chargé de projets valorisant les collections, à l'étranger notamment. Les coopérations, formelles ou informelles, sont encouragées par la Délégation aux arts plastiques, qui cite en exemple la mise en commun, à l'été de 2012, des trois collections régionales des Pays de la Loire, du Centre et de Poitou-Charentes afin de présenter, sur le thème du songe, treize expositions jalonnant la Loire, et investissant des lieux[...]