FORAINS & BATELEURS
À partir du Moyen Âge et jusqu'au milieu du xviiie siècle, les foires ont constitué en Europe l'instrument vital du commerce intérieur et international. Réunissant les changeurs et les correspondants des firmes des grandes cités marchandes, elles attiraient des commerçants ambulants qui, en marge des grandes affaires, fournissaient à la population des villes les marchandises de consommation courante. Ces forains, qui allaient de bourg en bourg produire leur étalage aux jours de marché, étaient souvent accompagnés de bateleurs, artistes ambulants qui, pour leur part, montaient sur des tréteaux de véritables spectacles ou simplement amusaient les badauds par leurs tours. Les artistes de la foire renouent avec la vieille et robuste gaieté populaire de la farce, imposant un monde de boniment et d'agilité d'où le merveilleux n'est pas absent. Le public se prête volontiers à ces exhibitions et parades souvent troublées par les gens de police. À côté des acrobates, équilibristes, jongleurs, musiciens, montreurs d'animaux, d'automates et de « phénomènes », les charlatans et arracheurs de dents rivalisent avec la Faculté tandis que les troupes de comédiens affrontent la concurrence des théâtres établis. À Paris, l'Académie royale s'empare en 1784 du « privilège de tous les spectacles de foires et remparts, avec licence de les exploiter, céder et affermer ». Les forains et bateleurs survivront tant bien que mal à la fin des grandes foires à cette époque. Leur tradition se poursuivra au xixe siècle et le cinéma, au début du xxe siècle, sera d'abord un spectacle forain. L'esprit de la foire s'est réfugié et souvent altéré dans le cirque, le music-hall, voire le cabaret. Certains hommes de théâtre, soucieux de retourner aux sources du spectacle populaire, s'efforcent de le ressusciter en intégrant à une dramaturgie dynamique quelques-unes des formes du spectacle forain.
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Écrit par
- Armel MARIN : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression
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