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FORBIDDEN HOLLYWOOD (rétrospective)

Présentée à l’Institut Lumière (Lyon) et dans plusieurs salles de cinéma, la rétrospective Forbidden Hollywood (2020) réunit dix films réalisés entre 1930 et 1933, avant que le code de bienséance couramment appelé « code Hays » n’entre en application. Ces films permettent de découvrir des cinéastes oubliés (Clarence Brown, William A. Wellman, Alfred E. Green, Roy Del Ruth), des dialoguistes dévastateurs (Anita Loos, Kubec Glasmon, John Bright, Robert Lord, Wilson Mizner, Gene Markey), au service d’une dramaturgie concise (la durée moyenne des films est de 75 minutes) et d’une thématique hédoniste. Des acteurs tels que Norma Shearer, Barbara Stanwyck, Joan Blondell, James Cagney, Clark Gable, Warren William, Ruth Chatterton y brillent. Cette leçon d’histoire du cinéma couvre une époque désignée sous l’appellation de pre-code. Ce corpus oppose la Warner Bros (WB), notoirement démocrate, ouverte aux sujets sociaux, favorisant le film rapide et peu cher, à la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), le plus républicain, conservateur et luxueux des studios.

Pourquoi un code ?

Vers le milieu des années 1920, Hollywood fit face à de sérieuses menaces de boycott national émanant d’organisations vertueuses, majoritairement catholiques, à la suite d’une série de scandales de mœurs impliquant des personnalités du cinéma – les acteurs Wallace Reid, « Fatty » Arbuckle et Mabel Normand, le réalisateur William Desmond Taylor, dont le meurtre est resté sans explication… Pour apaiser les esprits, les studios – grands et petits –, et les exploitants décidèrent de créer un organisme central qui veillerait au contenu des films, le MPPDA (Motion Picture Producers and Distributors of America). L’organisme pourrait également jouer les arbitres en cas de conflits administratifs.

Will Hays, administrateur des Postes sous la présidence de Warren G. Harding, fut nommé en 1925 à la tête du MPPDA mais ne convoqua une réunion en vue d’établir un code qu’en 1927. En 1929, deux catholiques se virent confier la tâche : Martin Quigley, rédacteur en chef de la revue corporative Motion Picture Herald, et le prêtre Daniel A. Lord. En février 1930, les deux hommes proposèrent une première mouture, subdivisée en principes généraux – en « don’t » (à éviter) et « becareful » (sujets délicats) –, entérinée par le MPPDA et ses membres.

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Écrit par

  • : historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue Positif

Classification

Média

<em>A Free Soul</em>, C. Brown - crédits : Everett Collection/ Aurimages

A Free Soul, C. Brown