FORÊTS Dépérissement des forêts
Au début des années 1980, les médias se font l'écho d'un dépérissement inquiétant affectant les forêts européennes et dont la pollution atmosphérique serait la cause principale. D'ambitieux programmes de recherches sont alors lancés et des réseaux de surveillance mis en place. Les données acquises depuis lors ont montré qu'il n'y a pas « un » dépérissement généralisé mais plutôt divers dépérissements qui prennent souvent la forme de « crises » dont l'issue est en général moins désastreuse que prévu. La pollution atmosphérique joue un rôle variable mais souvent secondaire dans ces dépérissements, qui sont généralement causés par des combinaisons variables de stress naturels (extrêmes climatiques, insectes ravageurs, etc.). Toutefois, les dépôts atmosphériques sont à l'origine de perturbations insidieuses et plus profondes qu'on ne l'avait soupçonné : appauvrissement des sols situés sur les substrats géologiques sensibles, qui entraîne une détérioration de la nutrition minérale des arbres, modification de la composition de la flore herbacée, acidification des cours d'eau. Parmi les facteurs dont le rôle est incertain, il faut mentionner l'ozone.
Historique
Au cours des années 1970, un dépérissement est constaté dans les sapinières de la Forêt-Noire et de Bavière. À la même époque, des surfaces considérables d'épicéas meurent en altitude dans les monts Métallifères (sud de la Pologne, Allemagne de l'Est et Tchécoslovaquie de l'époque), sous l'influence des émissions totalement incontrôlées de dioxyde de soufre (SO2) provenant des centrales thermiques qui utilisent un lignite très riche en soufre.
Au début des années 1980, des symptômes de dépérissement sont observés non seulement en Allemagne mais aussi dans de nombreux autres pays européens ainsi qu'en Amérique du Nord, et particulièrement au Québec, où l'érable à sucre – culture emblématique de cette province – est affecté sur de grandes surfaces. En France, les premiers signalements remontent à 1983, dans les Vosges. La dégradation observée se manifeste sur les résineux par une chute précoce des aiguilles (chez le sapin, l'épicéa et le pin sylvestre, celles-ci persistent respectivement environ dix ans, six ans et trois ans dans des conditions normales), parfois précédée par un jaunissement de leur face supérieure ; sur les feuillus, on relève des modifications de la structure des cimes (rameaux peu ramifiés, mortalité de fines branches).
Toutes ces observations ont accrédité l'idée d'une forme d'« épidémie » qui se serait étendue à partir de l'Europe centrale, et l'hypothèse d'un dépérissement généralisé causé par la pollution atmosphérique s'est rapidement imposée, relayée notamment par certaines organisations non gouvernementales (liées notamment aux écologistes allemands) et par les médias. Alors que les preuves convaincantes manquaient, certaines personnes, dont quelques scientifiques de renom, n'ont pas hésité à exprimer leur crainte, voire à « prédire » la disparition de la majeure partie de la forêt européenne à échéance de quelques années. L'industrie allemande, après une première réaction négative, a compris assez rapidement les bénéfices qu'elle pourrait retirer d'une généralisation des mesures de dépollution en Europe (et plus particulièrement des pots catalytiques sur les voitures). Cette hypothèse a également été entretenue par les mouvements écologistes, dans le souci de promouvoir une dépollution jugée a priori indispensable.
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Écrit par
- Maurice BONNEAU : ingénieur général honoraire du Génie rural, des eaux et des forêts
- Guy LANDMANN : ingénieur en chef du Génie rural, des eaux et des forêts, directeur adjoint du Groupement d'intérêt public écosystèmes forestiers (G.I.P.-Ecofor)
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