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FORÊTS Dépérissement des forêts

Le programme de recherche Déforpa

Soulignons que, lorsque la question du dépérissement s'est posée, l'état sanitaire des forêts sur de grandes surfaces ainsi que le niveau réel de la pollution atmosphérique dans les zones rurales n'étaient pas connus avec précision. En outre, la mise en œuvre des recherches supposait la mise au point d'outils adaptés. En bref, il ne s'agissait pas de conditions idéales pour le lancement d'un programme scientifique bien focalisé, ce qui explique que le dépérissement des forêts était considéré par une partie de la communauté scientifique et des bailleurs de fond comme un sujet très délicat, une question mal posée.

En France, le département des recherches forestières de l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.) est l'un des premiers à réagir. Dès l'été 1983, une concertation entre ce dernier, l'Office national des forêts (O.N.F.), les ministères de l'Environnement, de l'Agriculture et de la Recherche a conduit au lancement du programme interministériel Déforpa (Dépérissement des forêts attribué à la pollution atmosphérique).

Financé de 1984 à 1991 à hauteur d'environ 45 millions de francs par la Commission européenne, les ministères de l'Environnement et de l'Agriculture et, ponctuellement, par quelques autres organismes, ce programme a permis d'explorer les principales causes possibles de ce dépérissement. Il s'est concentré en grande partie sur le massif des Vosges, les autres régions (Jura, Alpes, Pyrénées, Massif central) n'étant abordées que plus ponctuellement.

Il a comporté plusieurs grands axes de recherche :

– L'étude de l'influence des facteurs écologiques (stress climatiques, géologie et sols, etc.) et sylvicoles (conduite des peuplements), afin de vérifier quelle part des dommages déplorés était imputable à des facteurs naturels.

– L'étude des transformations physico-chimiques de l'atmosphère, du déplacement des masses d'air et de la pollution atmosphérique en forêt, sous forme gazeuse (dioxyde de soufre, ou SO2, produit par la combustion d'énergie fossile ; ozone, ou O3, résultant de la transformation des oxydes d'azote, ou NOx, qui sont principalement produits par la circulation automobile, sous l'influence du rayonnement lumineux et en présence de composés organiques volatils ou C.O.V.), sous forme humide (dépôts atmosphériques d'acides sulfurique et nitrique, et d'ammonium par les pluies et les brouillards) et sous forme sèche (particules).

– L'étude des flux d'éléments minéraux à l'échelle l'écosystème forestier (à partir de l'analyse de l'eau de pluie et des eaux du sol et des ruisseaux), afin d'évaluer l'importance des perturbations générées par les apports atmosphériques.

– L'étude de l'impact des polluants gazeux sur la physiologie des végétaux, en laboratoire et en conditions semi-naturelles (dans des « chambres à ciel ouvert » qui sont des enceintes aux parois transparentes, traversées par un flux d'air dont on contrôle la composition, et dont le climat est proche du climat ambiant) et naturelles (en forêt).

– L'étude de remèdes possibles qui s'est limitée à tester l'effet de l'amélioration de la nutrition par des fertilisants...

Parallèlement aux recherches, un suivi régulier de l'état de santé des arbres (principalement de l'état des cimes) a été mis en place par les services de surveillance des forêts. D'abord limité, durant la période 1983-1989, principalement aux zones montagneuses (jugées les plus menacées), il s'est ensuite étendu, à partir de 1989, à l'ensemble du territoire métropolitain, dans le cadre d'un programme européen.

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Écrit par

  • : ingénieur général honoraire du Génie rural, des eaux et des forêts
  • : ingénieur en chef du Génie rural, des eaux et des forêts, directeur adjoint du Groupement d'intérêt public écosystèmes forestiers (G.I.P.-Ecofor)

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