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FORÊTS Dépérissement des forêts

Principaux résultats des programmes de suivi et de recherche

Évolution de l'état de santé des peuplements forestiers

Grâce aux données récoltées dans les différents réseaux de surveillance, on peut décrire l'évolution de la situation en France depuis les premières observations réalisées dans les Vosges. Au niveau national, le niveau de mortalité annuelle est resté relativement faible puisqu'il a fluctué, entre 0,2 p. 100 et 0,4 p. 100, au cours des années 1980 et 1990. Cela signifie qu'il n'y a pas eu de dépérissement à grande échelle même si localement, sur le terrain, on a pu constater la mortalité de peuplements entiers de sapins dans les Vosges, au milieu des années 1980, ou de chênes plus récemment. Le même constat vaut d'ailleurs pour les différentes régions d'Europe, la seule exception étant peut-être la péninsule Ibérique où des taux de mortalité nettement plus élevés ont été enregistrés au début des années 1990 lors d'une succession de plusieurs années extrêmement sèches. En France, l'été de 2003, exceptionnellement chaud et sec, a provoqué un taux de mortalité proche de 1 p. 100, niveau qui n'avait jamais été atteint durant la période de plus forte inquiétude à propos de la menace du « dépérissement des forêts ».

En fait, on observe, selon les régions et les essences, des variations plus ou moins importantes de l'état des cimes sous l'influence de différentes contraintes environnementales. La connaissance de l'impact de celles-ci sur la santé des arbres (ici l'état des cimes) n'est que très partielle. En particulier, il est extrêmement difficile d'isoler la part des variations qui serait due à la pollution atmosphérique. En utilisant les résultats de deux réseaux d'observation, il a été montré (Badeau et al., 1997) que les variations de « la densité de feuillage » du hêtre dans la moitié nord de la France suivaient fidèlement les variations de déficit hydrique auxquelles les peuplements sont soumis, mais avec un an de décalage. Idéalement, une fois pris en compte les effets des facteurs connus (sécheresses, gels, attaques parasitaires), on pourrait attribuer les variations non expliquées à des facteurs tels que la pollution atmosphérique. Aujourd'hui, on est encore loin d'avoir atteint cet objectif.

Parmi les phénomènes les plus remarquables des années 1990, figure la dégradation importante de l'état des cimes des chênes pédonculés et sessiles sous l'effet de divers facteurs, dont les sécheresses du début des années 1990 et diverses attaques parasitaires. En revanche, l'état du sapin et de l'épicéa dans les Vosges et le Jura, où il a suscité des inquiétudes au milieu des années 1980, a connu une nette amélioration dès la fin des années 1980. Le pin sylvestre connaît quant à lui une dégradation continue dans les Alpes du Sud, pour des raisons qui restent à élucider : vieillissement naturel des peuplements ? ozone ?...

À l'échelle de la France comme à celle de l'Europe, on a observé pour l'ensemble des essences, et plus nettement pour les feuillus, une augmentation lente et régulière de la défoliation dans les années 1990, dont les médias se sont fait l'écho régulièrement au moment de la publication du rapport européen sur les résultats de l'inventaire annuel. Comme cette aggravation apparente de l'état des cimes ne s'est pas traduite par une augmentation des taux de mortalité, il subsiste un doute sur son interprétation ; il est possible qu'elle ait en partie été causée par un changement non maîtrisé dans la façon de noter les arbres.

Dans quelques rares cas, on dispose d'études venant compléter les données obtenues par les réseaux de surveillance. C'est ainsi que dans les Vosges, l'O.N.F. a conduit en 1989 un inventaire[...]

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Écrit par

  • : ingénieur général honoraire du Génie rural, des eaux et des forêts
  • : ingénieur en chef du Génie rural, des eaux et des forêts, directeur adjoint du Groupement d'intérêt public écosystèmes forestiers (G.I.P.-Ecofor)

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