FORÊTS Dépérissement des forêts
Quels enseignements peut-on tirer de toutes ces recherches ?
Après de nombreuses études menées en Amérique du Nord et en Europe, il n'existe pas de consensus global de l'impact de la pollution atmosphérique sur le dépérissement des forêts. En simplifiant, on peut dire qu'une pollution atmosphérique diffuse affecte les écosystèmes naturels même si les effets sont insidieux et les interactions au sein des écosystèmes complexes. Il reste (et restera) des incertitudes. En revanche, et ceci est a priori plus surprenant, les perceptions restent souvent brouillées dès qu'on se réfère au « dépérissement des forêts », généralement sans le définir. Clairement, on n'a pas pu observer de phénomène sévissant à grande échelle et débouchant sur des dommages irréversibles à grande échelle. C'est plutôt à une prise de conscience brutale : « Ils ont regardé et ils ont vu », pour reprendre la maxime du sociologue P. Roqueplo (1988) qu'il faut attribuer l'apparition apparemment simultanée des symptômes du nord au sud du continent européen au début des années 1980.
En fait, il y a diverses manifestations que l'on range, par commodité ou faute d'en savoir plus, sous le terme générique de dépérissement et que l'on peut classer de la façon suivante :
– Des dépérissements principalement occasionnés par des niveaux élevés de pollution gazeuse, notamment soufrée. On peut citer les exemples de la zone, souvent qualifiée de « triangle noir », centrée sur les monts Métallifères, de la péninsule de Kola (zone lapone limitrophe de la Russie et de la Finlande) ou encore de la zone environnant la célèbre cheminée de la fonderie de Sudbury (Ontario), longtemps le plus gros émetteur de SO2 au monde. Ces problèmes sont soit totalement maîtrisés, soit en voie de résorption, alors que des cas équivalents existent déjà ou se profilent dans certains pays en développement (Chine notamment).
– Des dépérissements dans lesquels la pollution diffuse interagit avec les aléas naturels (d'ordre climatique notamment). Sans aléas marqués, seuls les effets insidieux seront détectés. Quelques cas sont connus où des problèmes de désordre nutritionnel important interfèrent fortement avec des sécheresses ou des chutes de températures.
– Des dépérissements qui s'expliquent fondamentalement par la gestion historique de la forêt ; c'est le cas fréquent en Europe où les forêts ont été profondément modifiées par l'homme suite à l'introduction d'essences non adaptées aux conditions locales (exemple en France du chêne pédonculé en maints endroits). Le déclenchement de ces dépérissements est souvent provoqué par des aléas climatiques. Ce sont probablement, en zone cultivée, les « dépérissements de demain » dans le sens où les défauts d'adaptation des essences forestières aux conditions locales seront de plus en plus mis en évidence par les changements et les extrêmes climatiques. C'est pourquoi des analyses de risque à l'échelle de la France sont menées aujourd'hui.
– Des dépérissements purement naturels existent aussi dans des écosystèmes non gérés (où les arbres atteignent donc leur pleine maturité) et situés dans des zones non polluées en divers points du globe (mais quelque peu négligés par la communauté scientifique dans le débat des années 1980). Un dépérissement peut faire partie de l'évolution naturelle d'une forêt.
L'état de nos connaissances est tel que, pour un certain nombre de cas connus en Europe, l'on peut discuter la part réelle de la pollution atmosphérique.
Dans le cas de la France, les recherches menées depuis 1985 ont montré que si la pollution atmosphérique diffuse n'entraîne pas de dépérissement brutal, elle occasionne effectivement des perturbations parfois profondes du fonctionnement[...]
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Écrit par
- Maurice BONNEAU : ingénieur général honoraire du Génie rural, des eaux et des forêts
- Guy LANDMANN : ingénieur en chef du Génie rural, des eaux et des forêts, directeur adjoint du Groupement d'intérêt public écosystèmes forestiers (G.I.P.-Ecofor)
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