FORÊTS La forêt, un milieu naturel riche et diversifié
Répartition à l'échelle locale
Effets de la topographie
Outre les influences, déjà signalées, de l'exposition, les conditions topographiques locales peuvent avoir une action originale ; en particulier :
– des inversions de température peuvent résulter de l'accumulation d'air froid dans les vallées ; ainsi, en Savoie, vers 800 à 1 000 m, les versants sud présentent souvent un niveau de chênaie pubescente thermophile au-dessus d'une hêtraie-sapinière franchement montagnarde ;
– les pelouses pseudo-alpines remplacent la forêt sur les sommets dénudés de nombreuses montagnes ou massifs isolés comme l'Aigoual, le mont Ventoux ou les crêtes du Jura... ; ces sommets sont bien au-dessous de la limite supérieure des forêts, et c'est notamment la violence du vent qui empêche la croissance des arbres (dans les exemples cités, ces arbres sont des hêtres rabougris et buissonnants, appartenant à l'étage montagnard) ;
– la forêt hémiarctique se localise dans les talwegs à peine marqués, entre lesquels règne la toundra ; elle y trouve un abri, mais aussi un sol plus profond et riche en eau utilisable.
Influences édaphiques
L' action du sol s'exerce à l'échelon local, parfois régional et joue un grand rôle dans la productivité forestière : la vitesse de croissance, la résistance aux maladies, la présence même d'une espèce donnée, sous un climat donné, en dépendent (tabl. 2 et 3).
La teneur en eau est un facteur important ; il existe généralement une végétation particulière au bord des eaux [cf. aulnaies] ; parfois même les forêts y sont localisées (galeries forestières des savanes). En dehors d'autres facteurs limitants, à un gradient de teneur en eau du sol correspond une variation de la végétation.
Pour une quantité d'eau suffisante, mais sans excès, la composition ionique est le facteur essentiel de la fertilité du sol. Parmi les indices de cette fertilité, ceux qui sont en rapport avec la nitrification sont les plus importants. Quand celle-ci est faible, le sol présente une forte teneur relative en carbone, s'exprimant par un rapport C/N élevé ; cette accumulation de matière organique acide a pour effet d'abaisser le pH ; la présence de calcaire dans le sol, favorisant la neutralisation des acides, augmente au contraire l'intensité de la nitrification ; elle freine aussi le développement de certaines espèces (pin maritime).
Des faits comparables se retrouvent dans le monde entier. Ainsi, sur les plateaux brésiliens à pluviosité forte et assez régulière, s'observent : sur sol riche en azote et calcium, une forêt mixte dense (mata) ; sur sol assez pauvre (moins de N et Ca), une forêt basse à recouvrement supérieur à 50 p. 100 (cerradão), parsemée de quelques grands arbres du mata ; sur sol très pauvre et dépourvu de Ca, une forêt très claire (recouvrement inférieur à 50 p. 100), basse et buissonnante (cerrado), passant dans les cas extrêmes à une savane (campo limpo).
La mangrove, forêt basse ou buissonnante, très dense, est une forêt typiquement édaphique ; localisée au littoral des mers chaudes (généralement intertropicales), et uniquement dans les estrans et estuaires vaseux, elle présente toujours une zonation parallèle au rivage, fonction de la fréquence de l'immersion par la marée [cf. mangroves].
Les facteurs biotiques
Les conditions de climat et de sol sont nécessaires mais non suffisantes à l'implantation d'un type forestier défini. Les êtres vivants qui constituent la forêt ou vivent en son sein exercent presque toujours une influence considérable sur le peuplement forestier, et aussi sur son évolution (cf. infra).
Les actions biotiques végétales sont faciles à observer. Dans la futaie de chênes des environs de Paris, par exemple, le sol reçoit au maximum 15 p. 100 de la lumière solaire, éclairement[...]
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Écrit par
- Yves BASTIEN : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
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