FORÊTS La forêt, un milieu naturel riche et diversifié
Structure de la forêt
Stratification
Les organes aériens et souterrains des végétaux forestiers présentent le maximum d'expansion à des niveaux déterminés, superposés, dont chacun constitue une strate de végétation.
La chênaie silicicole
La chênaie silicicole (par exemple celle des environs de Paris) présente une stratification particulièrement nette (fig. 4) :
– la strate arborescente supérieure (de 20 à 30 m de hauteur) est formée par la couronne des « arbres de première grandeur » (chênes et parfois hêtres) ; leurs troncs rectilignes forment la futaie ;
– la strate arborescente inférieure (de 7 à 15 m) est constituée à la fois des jeunes sujets des espèces précédentes (baliveaux), parfois de leurs rejets de souche (taillis), et par des « arbres de seconde grandeur » (Sorbusaucuparia...) en proportion variable ;
– la strate arbustive (entre 1 m et 7 m) comprend des baliveaux (les jeunes hêtres peuvent abonder), des arbustes (néflier, bourdaine...), une liane (Lonicerapericlymenum) qui peut atteindre la strate précédente ;
– la strate sous-ligneuse et herbacée haute (Calluna,Pteris,Teucrium,scorodonia...) comporte des jeunes sujets ligneux ;
– la strate herbacée basse, constituée de graminées en touffe (Festucacapillata,Deschampsiaflexuosa...), d'herbes rampantes (Veronica officinalis) et mêlée de germinations d'arbres, surmonte la strate cryptogamique (mousses : Polytrichum,Dicranum..., lichens, champignons) ou la litière de feuilles mortes, souvent en mosaïque avec les strates précédentes.
Une stratification semblable s'observe dans les appareils souterrains, racines et rhizomes, qui exploitent les divers niveaux du sol ; généralement, les espèces herbacées ont un enracinement superficiel, mais des arbres de mêmes dimensions peuvent avoir des enracinements inégaux : très profond pour le châtaignier, relativement superficiel pour le hêtre.
Le sol forestier comporte également une importante rhizosphère (mycéliums, bactéries), dont la nature et l'activité, fonctions elles-mêmes des conditions écologiques, du traitement forestier et de la nature du couvert, jouent un rôle essentiel dans la productivité forestière (association mycorhyziennes, nitrification...).
La forêt dense équatoriale
Dans la masse exubérante de la forêt dense équatoriale (fig. 5), amazonienne ou congolaise, les strates apparaissent avec beaucoup moins de netteté et chacune présente une plus grande complexité :
– les strates arborescentes comprennent très souvent une strate supérieure de « géants » dispersés (hauts de 40 à 50 m, rarement plus), une strate moyenne presque continue (entre 30 et 40 m), une strate plus basse d'arbres plus petits (de 15 à 25 m), parfois très dense ; dans toutes ces strates, les arbres sont entremêlés de lianes, souvent gigantesques (de 100 à 200 m de longueur, 20 cm de diamètre) et leurs hautes branches sont garnies d'épiphytes : fougères (Platycerium), Orchidées et (en Amérique) Broméliacées qui les recouvrent parfois presque entièrement et dont certaines (figuiers-étrangleurs) peuvent étouffer l'arbre support ;
– les jeunes arbres et buissons forment une strate arbustive très variable, parfois dense et presque impénétrable ;
– la strate herbacée, raréfiée par la demi-obscurité, renferme des sélaginelles et fougères, ainsi que quelques phanérogames à larges feuilles, comme les bégonias ; des espèces parasites, sans chlorophylle, se fixent sur les basses tiges ou sur les racines qui serpentent à la surface du sol ;
– la strate cryptogamique est surtout formée de champignons qui exploitent l'abondante litière de feuilles et de bois morts ;
– l'enracinement de cette forêt est très peu profond, et les grands arbres sont fréquemment abattus par les tornades, malgré les contreforts épais qui renforcent leur base. Ainsi donc la[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yves BASTIEN : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale
- Écrit par Roland POURTIER
- 24 465 mots
- 27 médias
Ellecouvre les régions équatoriales où la pluviosité est à la fois forte (plus de 1 200 mm par an) et bien répartie (moins de trois mois secs, c'est-à-dire recevant moins de 100 mm de pluies). Des facteurs orographiques ou édaphiques peuvent localement en étendre ou en limiter l'extension.... -
AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie
- Écrit par Théodore MONOD
- 5 702 mots
- 19 médias
Suspendue aux flancs de l'Ancien Monde comme un « gigantesque point d'interrogation » – selon la pittoresque formule de Weulersse – l'Afrique représente le quart de la surface des terres émergées.
De tous les continents c'est à la fois le plus massif (1 400 km2 pour...
-
AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle
- Écrit par Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART
- 6 086 mots
- 2 médias
...ces conditions, on obtient de bons rendements lors de la première année, puis on peut pratiquer des cultures d'appoint pendant quelques saisons encore. On laisse ensuite la forêt et la fertilité se reconstituer durant plusieurs dizaines d'années avant de revenir cultiver le même terrain. Chaque année,... -
ALASKA
- Écrit par Claire ALIX et Yvon CSONKA
- 6 048 mots
- 10 médias
Les forêts humides du Sud-Est, particulièrement les immenses forêts nationales de Tongass et Chugach, ont été beaucoup exploitées, mais de nombreuses usines d'extraction de pulpe ont fermé durant les années 1990. - Afficher les 92 références