Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FORÊTS La forêt, un milieu naturel riche et diversifié

Évolution de la forêt et du milieu forestier

L'écosystème forestier

La forêt peut être considérée comme une communauté vivante, constituée par un certain nombre de populations végétales et animales liées par des relations intra- et interspécifiques. Les individus échangent entre eux et avec le milieu extérieur de l'énergie et de la matière ; ils entretiennent des processus biologiques cycliques. Cet ensemble structuré et fonctionnel constitue un écosystème. Au sein de celui-ci, les arbres constituent les éléments essentiels avec d'autres composantes végétales et animales. L'interaction entre ces différentes composantes peut être illustrée par quelques exemples.

– L'action des lombrics, dont le poids peut atteindre une tonne à l'hectare dans un sol forestier en bon état, participe à la bonne décomposition de la litière et au recyclage des éléments minéraux mis à la disposition des arbres (phénomène de turn over).

– Les mycorhizes, symbioses entre les arbres et certains champignons, constituent une association à bénéfice réciproque au niveau des fines racines de l'arbre entourées de filaments mycéliens qui permettent aux deux partenaires d'échanger : le champignon se nourrit des sucres de la sève élaborée par l'arbre, ce dernier bénéficie en contrepartie de l'azote minéral fourni par le champignon.

– Le lierre, liane végétale, qui utilise les arbres comme seul support sans les parasiter, se révèle être une niche écologique précieuse pour les oiseaux qui se nourrissent de ses fruits en hiver. Ses feuilles, qui tombent au printemps, se décomposent rapidement en libérant des éléments minéraux qui profitent aux autres végétaux lors de la reprise de la végétation.

– Le geai des chênes se nourrit de glands de chêne – pédonculé de préférence – qui lui offre une pitance aisée à prélever, grâce aux nombreuses ouvertures du houppier de cet arbre, et bien adaptée à la forme de son bec. Il en mange sur place et disperse le reste dans la nature pour constituer des réserves qu'il consommera en partie au printemps. Quelques milliers de glands ainsi abandonnés chaque année germent au printemps et favorisent la migration du chêne.

La forêt est un monde vivant en perpétuelle évolution commandée par les rythmes biologiques des arbres : naissance, croissance, sénescence, mort. Son évolution naturelle, appelée sylvigenèse, est un phénomène long au cours duquel, en dehors de toute intervention humaine, se succèdent des phases sylvigénétiques qui constituent des étapes physionomiques relatives au cycle de vie des arbres.

— Yves BASTIEN

Évolution cyclique naturelle

Toute trouée dans la forêt dense tend à se combler ; cette reconstitution de la forêt par étapes (évolution) est dite cyclique si le peuplement final est indiscernable de l'état initial.

Hêtraie de Fontainebleau - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hêtraie de Fontainebleau

Ainsi, dans la hêtraie du Bassin parisien, sur rendzine, on observe à la suite de la chute d'un arbre (chablis, attaque de l'amadouvier...) la succession suivante : dès la seconde année, des plantes herbacées, restées discrètes dans la forêt dense, ou même absentes (à l'état de semences dormantes dans le sol), prolifèrent : ancolie, belladone, Elymuseuropaeus, fraisiers, Inulaconyza... ; cette végétation temporaire, caractéristique, est mêlée à de jeunes hêtres, issus des germinations qui, sous futaie, ne recevaient pas assez de lumière pour poursuivre leur développement (fig. 6). Ceux-ci, durant quelques années, forment un fourré dense et enchevêtré (plusieurs hêtres par mètre carré) ; le retour à l'état initial se fera par élimination progressive de la plupart des sujets, soit par concurrence intraspécifique naturelle (dans les hêtraies peu accessibles de l'étage montagnard), soit, dans le cas présent, par l'action du forestier qui conserve les meilleurs sujets.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
  • : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles

Classification

Médias

Forêts climaciques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Forêts climaciques

Arbre-bouteille - crédits : P. Jaccod/ De Agostini/ Getty Images

Arbre-bouteille

Baobab - crédits : vil.sandi/ flickr ; CC-BY-ND

Baobab

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 24 465 mots
    • 27 médias
    Ellecouvre les régions équatoriales où la pluviosité est à la fois forte (plus de 1 200 mm par an) et bien répartie (moins de trois mois secs, c'est-à-dire recevant moins de 100 mm de pluies). Des facteurs orographiques ou édaphiques peuvent localement en étendre ou en limiter l'extension....
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie

    • Écrit par
    • 5 702 mots
    • 19 médias

    Suspendue aux flancs de l'Ancien Monde comme un « gigantesque point d'interrogation » – selon la pittoresque formule de Weulersse – l'Afrique représente le quart de la surface des terres émergées.

    De tous les continents c'est à la fois le plus massif (1 400 km2 pour...

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

    • Écrit par et
    • 6 086 mots
    • 2 médias
    ...ces conditions, on obtient de bons rendements lors de la première année, puis on peut pratiquer des cultures d'appoint pendant quelques saisons encore. On laisse ensuite la forêt et la fertilité se reconstituer durant plusieurs dizaines d'années avant de revenir cultiver le même terrain. Chaque année,...
  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Les forêts humides du Sud-Est, particulièrement les immenses forêts nationales de Tongass et Chugach, ont été beaucoup exploitées, mais de nombreuses usines d'extraction de pulpe ont fermé durant les années 1990.
  • Afficher les 92 références