FORÊTS La forêt, un milieu naturel riche et diversifié
La forêt française
La surface de la forêt française a doublé depuis 1850, couvrant aujourd'hui 15,5 millions d'hectares, soit 27 p. 100 du territoire national. Ce patrimoine en croissance a été marqué par l'histoire, ayant évolué en fonction des besoins de la société.
Histoire de la forêt française
De l'époque de la cueillette à l'ère industrielle
En France, comme dans tous les pays tempérés, après les dernières glaciations (environ 10 000 ans avant Jésus-Christ), la forêt occupe à nouveau de vastes espaces. Les communautés humaines n'y exercent qu'une faible pression de subsistance : cueillette de fruits sauvages, récolte de bois de chauffage, pratique de la chasse. La forêt, à la fois menaçante et nourricière, suffit largement à satisfaire les besoins d'une population nomade ou sédentaire qui vit en autarcie et sans s'interroger sur l'avenir de cette ressource. Puis, avec l'augmentation de la population, le développement de l'agriculture et de l'élevage, l'homme a de plus en plus besoin d'espace et de bois de chauffage. Ainsi, la forêt ne cesse de reculer, ne se maintenant que dans les zones les moins accessibles. Une succession de facteurs va réduire très fortement la couverture forestière jusqu'au début du xixe siècle :
– Les défrichements sont à l'origine du morcellement des massifs forestiers. Le pâturage, avec le pacage (bêtes à cornes) et le panage (porcs à la glandée dans les forêts) exercent une très forte pression sur la forêt. De premiers règlements sont établis pour rationaliser cette ressource indispensable et renouvelable. Ainsi, en France, l'ordonnance de Charles V de 1376, prescrit la réserve de baliveaux (jeunes arbres d'avenir), une mise en défens pour protéger les jeunes pousses de taillis de la dent du bétail.
– Les droits d'usage permettent aux populations riveraines des forêts domaniales, outre le droit de pâturage, d'accéder au bois de chauffage ou de construction pour leurs besoins propres.
– Les guerres demandent de plus en plus de gros bois pour la construction de bateaux et de places fortes. La ressource en bois de marine (essentiellement du chêne) a été une préoccupation constante des pays à façade maritime. L'Ordonnance de Colbert de 1669, en prescrivant l'augmentation de la réserve de baliveaux et le reboisement artificiel en chêne, n'avait d'autre but que de veiller à l'enrichissement et à la pérennité de cette ressource menacée par d'importants besoins. Un grand navire de guerre consommait plus de 3 000 mètres cubes de chêne, sans compter les très longs fûts de bois résineux nécessaires à la construction des mâts. C'est ainsi que l'Angleterre a vu sa ressource chêne fortement régresser.
– L'essor industriel, à partir du xviiie siècle, nécessite également une très grande quantité de bois utilisé comme source d'énergie pour alimenter les forges, verreries, cristallerie, tuileries, briqueteries, salines... Le bois est généralement transformé en charbon de bois sur place (en forêt), sur des sites appelés places à charbon, pour pouvoir être transporté plus facilement vers les usines. Le flottage sur les rivières et fleuves est très utilisé et permet de transporter de grandes quantités de bois de chauffage vers les grandes villes. Pour fournir cette ressource, les traitements en taillis et taillis sous futaie sont quasi exclusifs chez les feuillus. Les âges d'exploitabilité du taillis, appelés révolutions, sont raccourcis à moins de 10 ans pour satisfaire la demande croissante en bois de chauffage. À la fin du xviiie siècle, toutes les forêts tempérées européennes sont surexploitées et dans un état de grande dégradation. En France, la surface boisée est réduite à seulement 7 millions d'hectares, alors qu'elle occupait[...]
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Écrit par
- Yves BASTIEN : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
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