FORÊTS Les forêts tempérées
La forêt dans un environnement changeant
Les gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère, constitués de dioxyde de carbone, de méthane et d'oxyde d'azote, conditionnent le climat de la Terre. Cet effet de serre est affecté par les activités humaines qui augmentent leur concentration et entraîne un réchauffement climatique. Les conséquences sur la forêt sont très graves, avec de nombreuses mortalités d'arbres.
Différents scénarios d'évolution du climat ont été élaborés par le Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat (G.I.E.C.). L'un d'entre eux, reposant sur des hypothèses modérées, prédit, pour le xxie siècle une augmentation générale des températures estivales ainsi qu'un changement du régime des précipitations. Ce dernier serait caractérisé par une diminution des pluies en période de végétation et une augmentation en période de repos végétatif. Cette augmentation des sécheresses estivales et des excès d'eau en hiver mettra les peuplements forestiers à rude épreuve.
La forêt réagit au changement climatique à différentes échelles
L' augmentation de l'effet de serre dope la croissance des arbres. Des études menées par l'I.N.R.A. ont mis en évidence une augmentation de productivité des essences forestières. Le hêtre a ainsi vu sa croissance en hauteur augmenter de 25 à 50 p. 100 selon un gradient ouest-est sur la période 1900-2000. D'autres essences montrent la même tendance avec des variations plus ou moins marquées selon les régions. Parallèlement, les aires de répartition se modifient avec la remontée en altitude constatée de certaines espèces (+ 200 mètres pour le gui dans le Valais suisse). Des modélisations, prenant en compte les indices climatiques, prédisent des migrations vers le nord des espèces hygrophiles comme le hêtre et le sapin, dans les 150 à 200 ans qui viennent. Les paysages forestiers européens risquent d'être modifiés.
C'est aussi tout l'écosystème forestier qui risque d'être affecté par le réchauffement climatique. Citons, par exemple, le décalage du cycle des insectes et des oiseaux, l'absence de régulation des parasites par les grands froids hivernaux, l'acidification des sols forestiers, l'augmentation des stress hydriques des arbres...
Les adversités
Les accidents climatiques passés ont affecté plus ou moins gravement les écosystèmes forestiers.
Dégâts du vent
Les tempêtes, qui semblent augmenter en violence et en occurrence dans toute l'Europe depuis le milieu du xxe siècle (voir tabl. et encadré 1), mettent à mal la forêt et constituent de véritables catastrophes économiques et sociales. En France, la tempête du 26 décembre et celle de la nuit du 27 au 28 décembre 1999, appelées respectivement Lothar et Martin, laisseront pour longtemps des traces (cf. encadré).
Par ailleurs beaucoup d'arbres résiduels affaiblis ont été la proie de dommages collatéraux occasionnés par divers parasites secondaires (champignons, insectes) et ont dû être exploités dans les années qui ont suivi ces tempêtes. On estime pour l'épicéa commun, espèce largement étendue hors de son aire naturelle de moyenne montagne et très sensible aux dégâts de vent, avoir exploité un volume de chablis collatéral supérieur au volume généré par les deux tempêtes.
Dépérissement de la forêt
Depuis les années 1970, de nombreux dépérissements se constatent un peu partout dans la forêt. Les causes en sont multiples et résultent de la combinaison de facteurs défavorables : arbres fragilisés par les tempêtes, accidents climatiques (fortes chaleurs estivales, stress hydrique induit par les sécheresses, développement d'attaques d'insectes défoliateurs, dégradation de certains sols forestiers, essences inadaptées aux conditions écologiques locales...). Praticiens et chercheurs, soutenus par[...]
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Écrit par
- Yves BASTIEN : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
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