- 1. Différents types de forêts denses tropicales
- 2. État et évolution des forêts denses tropicales
- 3. Gestion des forêts denses tropicales
- 4. Conservation des forêts denses tropicales
- 5. La « durabilité » de la gestion des forêts denses tropicales
- 6. Perspectives de la foresterie tropicale
- 7. Bibliographie
FORÊTS Les forêts tropicales
Gestion des forêts denses tropicales
Dans un grand nombre de cas, l'utilisation des forêts denses tropicales pour la production de bois d'œuvre, et accessoirement de services, conduit à une surexploitation. Ainsi, pour se limiter à la situation prévalant au cours des années 1990 et 2000, le constat est le suivant :
– en Afrique centrale, le prélèvement est inférieur à la production potentielle, dans une approche de rendement soutenu ;
– en Afrique occidentale, en revanche, le seuil de surexploitation des forêts a été largement dépassé, l'exploitation étant supérieure à 200 p. 100 de la production potentielle ;
– en Amérique du Sud, les quantités exploitées sont de même ordre de grandeur que celles correspondant à la production potentielle ;
– en Amérique centrale, la grande majorité des forêts est, au contraire, surexploitée (jusqu'à 10 fois la production potentielle) ;
– en Asie et Océanie, les forêts sont globalement surexploitées, la récolte dépassant largement (d'au moins 70 p. 100 et souvent davantage) la production potentielle, et cela sans compter les coupes illicites.
Au fil du temps, de vastes superficies de forêts denses tropicales ont ainsi été et continuent d'être appauvries par la surexploitation. Face à ce constat, nombre d'États tropicaux (le plus souvent propriétaires de ces forêts) et d'opérateurs ont pris conscience de la nécessité de gérer durablement les forêts de production au travers de plans d'aménagement (ou de gestion) comme cela est courant dans les pays tempérés (cf. forêts - Les forêts tempérées). Le concept moderne d'aménagement forestier avait bien été mis en application, dès la seconde moitié du xixe siècle, d'abord dans le sous-continent indien, puis en Asie du Sud-Est. Mais sa mise en œuvre a globalement décliné dans ces régions au cours de la seconde moitié du xxe siècle. En Afrique et en Amérique tropicales, sa prise en compte a été plus récente, mais aucun plan d'aménagement n'a encore été pleinement mis en œuvre.
Pendant longtemps, les plans d'aménagement ont souvent été limités à la simple application de méthodes de sylviculture visant un rendement soutenu en produits ligneux commercialisables. Ces méthodes consistaient soit à assurer le bon développement des semis et jeunes tiges naturels de valeur commerciale, soit à enrichir la forêt directement par introduction d'espèces, en plantations complémentaires. Des exemples de ces méthodes ont été le Malaysian Uniform System en Asie du Sud-Est, l'« Amélioration des peuplements naturels » (années 1960) en Afrique francophone, ou bien encore le Celos Management System testé sans suite pratique au Suriname (années 1970).
Ces techniques empiriques ont parfois donné des résultats probants, mais sur de faibles superficies, avec force main-d'œuvre et à des coûts difficiles à justifier. Elles n'ont jamais été appliquées en grand et sur le long terme, et ont été progressivement abandonnées au profit de la régénération artificielle de plantations en plein découvert (coupe rase). Les plantations d'un certain nombre d'espèces ont bénéficié d'importantes recherches et les techniques de sylviculture qui leur correspondent sont au point, comme par exemple pour le teck, Tectona grandis, qui est à ce jour une des principales espèces de reboisement. Les plantations dans les pays tropicaux qui ont pour objectif principal la production de bois couvraient environ 22 millions d'hectares en 2005, en majorité dans les tropiques humides. Cette surface s'accroît alors au rythme de 400 000 hectares par an (à comparer avec un rythme annuel de défrichement de l'ensemble des forêts tropicales naturelles, denses et ouvertes, de 14 millions d'hectares ; cf. supra).
L'interruption des programmes d'aménagement[...]
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Écrit par
- Jean-Paul LANLY : ingénieur de l'École nationale des eaux et forêts (Nancy), docteur d'État en géographie de la végétation (université de Toulouse), membre de l'Académie d'agriculture de France, ancien président de la section forêt, bois, nature du conseil général du génie rural, des eaux et des forêts du ministère français de l'Agriculture, ancien directeur de la division des ressources forestières de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (F.A.O.)
- Henri-Félix MAÎTRE : chargé de mission à la direction du département environnement et sociétés du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
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