Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FORÊTS Les forêts tropicales

La « durabilité » de la gestion des forêts denses tropicales

Le concept de durabilité a été consacré par le rapport de la Commission du développement durable des Nations unies (1987) et la Déclaration de Rio de Janeiro sur l'environnement et le développement (1992).

Le monde forestier a, dans un premier temps, accompagné ce mouvement avec la Déclaration de principes relatifs aux forêts et le chapitre 11, traitant de la lutte contre la déforestation, du programme Action (Agenda) 21, adoptés eux aussi par le Sommet de Rio. Dans un second temps, de nombreux responsables et partenaires nationaux et internationaux du secteur de la foresterie (bien avant ceux d'autres secteurs d'activité) ont défini aux niveaux écorégional (Afrique tropicale, Bassin amazonien...), régional (Afrique au Sud du Sahara, Afrique du Nord et Moyen-Orient...) ou national, des ensembles de principes, critères et indicateurs (P.C.I.) de la durabilité de la gestion forestière. Certains de ces ensembles concernent essentiellement les forêts denses tropicales : ceux de l'Organisation internationale des bois tropicaux (O.I.B.T.), du « processus de Tarapoto » (pays amazoniens), ceux de la Malaisie ou encore de l'Indonésie.

Ces ensembles de P.C.I. ont été utilisés comme base de l'évaluation de la durabilité dans les nombreux systèmes de certification de la gestion forestière développés dans les années 1990 et 2000, les deux labels les plus utilisés et les plus crédibles étant le P.E.F.C. (Pan European Forest Council, devenu en 2003 Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes ; en français, Programme de reconnaissance des certifications forestières) et le F.S.C. (Forest Stewardship Council). Ceux-ci sont apposés sur tous les produits du bois issus d'une exploitation légale et durable. Cependant, la certification forestière n'a encore été que très faiblement appliquée aux forêts denses tropicales, contrairement à ce qui se passe pour les forêts tempérées, et contrairement à l'intention initiale qui était de faire progresser la gestion forestière surtout dans les pays tropicaux où, comme le constatait encore en 2005 l'O.I.B.T., « la proportion de l'ensemble du domaine forestier permanent sous aménagement durable [était] encore très faible [...] [même si] d'importants progrès [avaient] été réalisés vers l'aménagement durable des forêts tropicales naturelles ». La démarche de certification, qui est une démarche volontaire, n'est en fait acceptée et entreprise en zone tropicale que par les sociétés forestières d'envergure, soucieuses de leur crédibilité dans le cadre du commerce international des bois tropicaux.

Une exigence de base de la durabilité de la gestion forestière est celle de l'application des réglementations nationales en vigueur, ce qui est loin d'être le cas général dans les pays tropicaux en raison notamment de la faiblesse des administrations et des moyens de contrôle. Des accords bilatéraux entre pays producteurs et pays importateurs prévoient des mesures pour y remédier. À l'initiative de l'Union européenne, deux démarches ont été engagées en ce sens en 2003 : l'adoption par l'Union du plan d'action et des mesures F.L.E.G.T. (Forest Law Enforcement Governance and Trade ; en français : Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux) pour lutter contre l'exploitation clandestine des forêts et le commerce de bois d'origine illégale, et la mise en route du processus A.F.L.E.G. (African Forest Law, Enforcement and Governance ; en français : Application de la législation forestière et gouvernance en Afrique) ayant pour but de stimuler l'engagement des pays, des institutions internationales et des autres parties prenantes à renforcer les capacités d'application des lois forestières en Afrique.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur de l'École nationale des eaux et forêts (Nancy), docteur d'État en géographie de la végétation (université de Toulouse), membre de l'Académie d'agriculture de France, ancien président de la section forêt, bois, nature du conseil général du génie rural, des eaux et des forêts du ministère français de l'Agriculture, ancien directeur de la division des ressources forestières de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (F.A.O.)
  • : chargé de mission à la direction du département environnement et sociétés du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

Classification

Médias

Caïque à capuchon - crédits : E. Rivero/ Shutterstock

Caïque à capuchon

Déforestation à Guiroutou, Côte d'Ivoire - crédits : P. Poilecot/ CIRAD

Déforestation à Guiroutou, Côte d'Ivoire

Plantation de tecks, Costa Rica - crédits : O. Monteuuis/ CIRAD

Plantation de tecks, Costa Rica

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 24 465 mots
    • 27 médias
    Ellecouvre les régions équatoriales où la pluviosité est à la fois forte (plus de 1 200 mm par an) et bien répartie (moins de trois mois secs, c'est-à-dire recevant moins de 100 mm de pluies). Des facteurs orographiques ou édaphiques peuvent localement en étendre ou en limiter l'extension....
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie

    • Écrit par
    • 5 702 mots
    • 19 médias

    Suspendue aux flancs de l'Ancien Monde comme un « gigantesque point d'interrogation » – selon la pittoresque formule de Weulersse – l'Afrique représente le quart de la surface des terres émergées.

    De tous les continents c'est à la fois le plus massif (1 400 km2 pour...

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

    • Écrit par et
    • 6 086 mots
    • 2 médias
    ...ces conditions, on obtient de bons rendements lors de la première année, puis on peut pratiquer des cultures d'appoint pendant quelques saisons encore. On laisse ensuite la forêt et la fertilité se reconstituer durant plusieurs dizaines d'années avant de revenir cultiver le même terrain. Chaque année,...
  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Les forêts humides du Sud-Est, particulièrement les immenses forêts nationales de Tongass et Chugach, ont été beaucoup exploitées, mais de nombreuses usines d'extraction de pulpe ont fermé durant les années 1990.
  • Afficher les 92 références