QUADRATIQUES FORMES
Formes quadratiques et fonctions modulaires
Lorsqu'on fait m = 1 dans la formule de Siegel (8), de sorte que T est réduite à un seul entier N, on obtient une « valeur moyenne » du nombre de solutions de l'équation Q(x) = N dans Zn pour une forme positive Q sur Zn ; si l'on sait que le genre de S ne contient qu'une seule classe, ou si les nombres N(Sj, T) sont les mêmes pour toutes les classes du genre de S, la formule (8) donne le nombre de solutions de Q(x) = N pour tout N. Par exemple, si :
on sait depuis Eisenstein que le genre de S n'a qu'une seule classe pour n ≤ 8, mais ce n'est plus exact pour n ≥ 9 ; pour n = 16, il y a deux classes dans le genre, mais elles donnent la même valeur à N(Sj, T). On déduit donc de la formule de Siegel (8) des expressions exactes pour le nombre de représentations de N comme somme de n carrés pour n ≤ 8 ou n = 16.La théorie des fonctions thêta et des formes modulaires donne des expressions remarquables pour le second membre de (8) pour m = 1. Soit Q(x) une forme quadratique positive non dégénérée sur Zn et soit S sa matrice ; la série :
où x parcourt Zn, est absolument convergente pour Im z > 0 et est donc une fonction holomorphe de z dans ce demi-plan. La formule sommatoire de Poisson permet de prouver l'identité de Jacobi générale :Bornons-nous, pour simplifier, au cas où det(S) = 1 et où les termes diagonaux de S sont pairs ; on montre que cela implique que n est un multiple de 8 ; la relation (12) s'écrit alors :
et d'autre part :Or, dans le demi-plan supérieur Im z > 0, les transformations z ↦ z+ 1 et z ↦ − 1/z engendrent le groupe modulaire de toutes les transformations :
avec a, b, c, d entiers et ad − bc = 1 ; c'est un groupe discontinu dont un domaine fondamental est donné par la figure. Une forme modulaire de poids 2 k, pour k entier, est une fonction f holomorphe dans Im z > 0 telle que :pour toute transformation du groupe modulaire ; en outre, on impose à f la condition d'être holomorphe à l'infini, ce qui implique qu'elle est développable en série :convergente pour Im z > 0 ; on dit de plus que la forme est parabolique si a0 = 0. La fonction θs est donc une forme modulaire de poids n/2.Si k > 1, la série d'Eisenstein :
où (c, d) parcourt Z2 − {0}, est convergente (cas particulier d'une série de Poincaré pour le groupe modulaire) et est une forme modulaire de poids 2 k, telle que Gk(∞) = 2 ζ(2k) ; en posant q = e2πiz, on montre que :avec :où Bk est le k-ième nombre de Bernoulli et σ2k-1(N) la somme des puissances (2 k − 1)-ièmes des diviseurs de N (cf. calculs asymptotiques, chap. 2).On montre alors que l'on a θs = Ek + fs où k = n/4 et où fs est une forme modulaire parabolique. Comme l'on peut écrire :
où rs(N) est le nombre de solutions de l'équation Q(x) = 2 N dans Zn, on déduit de (14) l'expression asymptotique :Pour n = 8 ou n = 16, on a fs = 0 ; pour n = 24, on montre que fs = csF, où F est la forme parabolique :
étroitement liée à la théorie des fonctions elliptiques, et cs une constante dépendant de la classe de S et qu'on détermine en évaluant le coefficient rs(1) ; on montre, pour n = 24, qu'il y a vingt-quatre classes de formes quadratiques vérifiant les conditions indiquées ci-dessus. Siegel a montré que, pour m = 1, la matrice T étant réduite à l'entier N, la série génératrice dont le coefficient de qN est le premier membre de la formule (8) s'exprime encore à l'aide de séries d'Eisenstein. Il a ensuite étendu ce fait au cas où m est quelconque, en introduisant des « fonctions modulaires d'ordre m », où le demi-plan Im z > 0[...]La suite de cet article est accessible aux abonnés
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Écrit par
- Jean DIEUDONNÉ : membre de l'Académie des sciences
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