FORTUNAT saint VENANCE (530 env.-env. 600)
Né près de Trévise, en Italie du Nord, Venantius Honorius Clementianus Fortunatus étudia à Aquilée et à Ravenne ; il acquit une bonne connaissance de la littérature latine. Vers 565, guéri miraculeusement par l'intercession de saint Martin de Tours, il résolut d'accomplir auprès du tombeau de celui-ci un pèlerinage de reconnaissance, mais en prenant des chemins détournés. Il se trouva à Metz pour le mariage du roi d'Austrasie Sigebert et de Brunehaut et resta quelque temps à Paris auprès de l'évêque Germain, avant d'être accueilli à Tours par l'évêque Euphrone ; il parcourut ensuite le midi de la Gaule et finalement se fixa à Poitiers auprès de l'abbesse Radegonde, veuve du roi Clotaire, qui venait de fonder le monastère de Sainte-Croix. Il en devint l'intendant, puis le chapelain, quand il eut reçu le sacerdoce. Élu évêque de Poitiers vers 597, il semble avoir terminé sa vie à la cour d'Austrasie.
Venance Fortunat est surtout célèbre comme écrivain. Il fut un des derniers représentants de la latinité. Il a abordé tous les genres, mais sans atteindre la perfection. Il rédigea les Vies de plusieurs saints, dont certains avaient été ses amis, mais préférait les éloges oratoires aux récits de faits concrets. Versifiant aisément, il se contentait de pièces de circonstance, badinant à propos de réunions amicales ou louant sans discrétion les puissants du jour.
Pourtant, il a eu quelquefois un véritable souffle poétique, spécialement dans les hymnes qu'il composa en l'honneur de la relique de la croix, donnée en 569 à Radegonde, le Vexilla Regis et le Pange lingua gloriosi praelium certaminis (hymne sur le modèle duquel fut composée une version eucharistique, attribuée à saint Thomas d'Aquin).
Des esprits chagrins ont voulu voir en Venance Fortunat un joyeux gourmand et un buveur : c'est prendre au tragique d'innocents passe-temps littéraires. La tradition de Poitiers l'a, depuis toujours, considéré comme un saint. Sa fête a été fixée au 14 décembre.
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Écrit par
- Jacques DUBOIS : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
Autres références
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MOYEN ÂGE - La poésie lyrique
- Écrit par Daniel POIRION
- 5 690 mots
...transposer ces critères de leur langue de culture dans leur langue vulgaire. Nous connaissons, de fait, une abondante littérature en langue latine qui, de Fortunat (vie siècle) à l'école de Chartres (xiie siècle), a cultivé un lyrisme sérieux, tant profane que religieux. Nous savons, d'autre part,...