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FORTUNY MARIANO (1871-1949)

<em>Autoportrait</em>, M. Fortuny - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Autoportrait, M. Fortuny

Célèbre surtout à travers ses créations de tissus et de robes, Mariano Fortuny est aussi un technicien et un artisan qui a exercé ses talents dans des domaines divers : de la peinture et de la photographie à la conception d'objets mécaniques et à la scénographie. Essentiellement autodidacte, cet inlassable chercheur (il dépose à Paris plus de vingt brevets entre 1901 et 1934) est convaincu que l'art doit être considéré comme un phénomène global, transcendant, dans lequel fusionnent toutes les disciplines esthétiques. Artisan d'une grande dextérité, il fabrique lui-même ses propres couleurs pour la peinture, pour les encres, les teintures ; il tire ses propres gravures, développe ses négatifs, construit ses modèles d'objets et ses maquettes de théâtre.

Né à Grenade, il est le fils du peintre de scènes de genre Mariano Fortuny, et appartient, par sa mère Cecilia de Madrazo i Marsal, à une dynastie d'artistes, de collectionneurs, de critiques d'art. Il consacrera à l'œuvre de son père, décédé en 1874, un album publié en 1933. À l'occasion d'une enfance écoulée à Paris, où son oncle Raymundo de Madrazo est un portraitiste réputé, Mariano Fortuny s'est initié aux techniques de la peinture et de la gravure ; il donnera, dans ce dernier domaine, d'intéressantes eaux-fortes, qu'il s'agisse de paysages ou d'évocations symbolistes ; pour marquer la plaque de métal, il utilise des instruments de dentiste selon une technique qui lui est propre.

À partir de 1889, il s'établit avec sa famille au palais Martinengo de Venise, où il peint et surtout photographie des aspects inédits de la ville ; il entreprend aussi l'organisation d'archives photographiques très abondantes, groupées en thèmes artistiques, historiques, botaniques, géologiques.

Dans les années 1890, Fortuny aborde des problèmes de scénographie : fasciné par l'œuvre de Wagner, il ambitionne de réformer la mise en scène traditionnelle, qu'il juge trop statique. Profitant de la lumière électrique qui a remplacé dans les théâtres l'éclairage au gaz, il désire remplacer sur les scènes les ciels peints et les éclairages directs par une coupole d'un blanc mat, éclairée de lumières colorées, réfléchies, diffusées qui exaltent les couleurs. Fortuny fait breveter en 1901 un système d'illumination scénique à lumière indirecte, puis publie le fruit de ses recherches (Éclairage scénique, système Fortuny, Paris, 1904). Proche d'Adolphe Appia qui a entrepris de réformer la scénographie des opéras wagnériens, il collabore avec lui au réaménagement du théâtre privé de la comtesse de Béarn à Paris (1903), doté d'une coupole inaugurée en 1906 ; pressenti par la firme A.E.G. pour adapter son système aux scènes allemandes, Fortuny rencontre à Berlin Max Reinhardt, avec qui il conçoit les costumes de Lysistrata (1907). Une autre entreprise scénographique, envisagée avec le poète D'Annunzio, doit permettre l'union de la coupole à la structure antique de l'amphithéâtre. Ce projet n'aboutit pas, mais, en 1922, la Scala de Milan se dotera d'une coupole repliable selon le système de Fortuny. Des nombreuses mises en scène réalisées par Fortuny de 1899 à 1944, on retiendra celle donnée en 1937 pour I Trionfi au palais Sforza à Milan, dont les interprètes portaient des costumes, imités de la Renaissance, conçus par Fortuny.

Au cours d'un voyage en Grèce, Fortuny découvre des fragments de tissus imprimés et décide de se consacrer à la recherche de procédés d'impression. Résidant à partir du début du siècle à Venise, au palazzo Orfei, il crée un atelier d'impression destiné à réhabiliter des techniques anciennes, puis une fabrique de tissus imprimés, sur la Giudecca, pour les métrages en grande largeur. Fortuny ne fabrique pas lui-même les textiles[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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Média

<em>Autoportrait</em>, M. Fortuny - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

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