FOUNDATIONS OF SUPPLY-SIDE ECONOMICS, V.A. Canto, D.H. Joines et A.B. Laffer Fiche de lecture
L'économie de l'offre prend son essor dans les années 1970 dans un contexte de déréglementation et de libéralisation des marchés (en particulier le marché du travail et les marchés financiers). Face à la politique keynésienne de soutien de la demande, l'économie de l'offre propose d'accroître le potentiel de croissance de l'économie en diminuant les charges fiscales. Le terme « économie de l'offre » est donc étroitement associé à la prescription politique d'une baisse des taux d'imposition.
Arthur B. Laffer (né en 1940) est l'un des inspirateurs de cette offensive libérale : en collaboration avec Jan Seymour, il publie The Economics of the Tax Revolt (« L'Économie de la révolte fiscale »), en 1979, appuyant la campagne présidentielle américaine de Ronald Reagan. L'ouvrage collectif Foundations of Supply-Side Economics. Theory and Evidence (Fondements de l'économie de l'offre. Théorie et faits), paru en 1983, tente de consolider ce discours initial, idéologique et politique, par une analyse formelle et théorique.
La « courbe de Laffer » : imposition optimale et effet substitution
Les auteurs de Foundations of Supply-Side Economics étudient les effets macroéconomiques (sur les revenus des facteurs, le marché du travail, la croissance économique) de la fiscalité à partir de la théorie néo-classique « standard » du choix économique : les agents maximisent leur satisfaction en minimisant leurs coûts et modifient leur choix en fonction des signaux du marché, mais aussi en réponse aux actions de l'État. Dans cette optique, les dix chapitres de l'ouvrage présentent des modèles néo-classiques pour déterminer l'imposition optimale et tentent de fournir des preuves empiriques. Ces dernières sont cependant liées aux hypothèses simplificatrices et restrictives des modèles proposés.
Particulièrement représentatif de la démarche adoptée dans cet ouvrage, le premier chapitre de Victor Canto, Douglas Joines et Arthur Laffer traite des questions essentielles de fiscalité : « notre analyse indique que l'accroissement des taux d'imposition peut aussi bien réduire qu'augmenter les rentrées fiscales du gouvernement. En fait, il existe une structure d'imposition qui maximise les recettes de l'État. Cette structure fiscale dépend de l'offre et de l'élasticité de la production par rapport aux facteurs qui lui donnent naissance ». C'est la fameuse « courbe en cloche de Laffer » (présentée en 1978 lors du congrès annuel de l'American Statistical Association) liant les taux d'imposition (en abscisse) et les recettes fiscales obtenues (en ordonnée). Lorsque le taux d'imposition s'élève, les recettes augmentent, mais de moins en moins vite, jusqu'au taux d'imposition t* pour lequel le produit de l'impôt (t* × la base imposable) est maximal. Si le taux d'imposition continue à s'élever au-delà de ce niveau optimal, le supplément de recettes obtenu par cette hausse est alors négatif (les recettes fiscales diminuent), car un nombre croissant d'agents ne produit plus de richesses supplémentaires, éliminant ainsi la source de l'impôt. En effet, le taux d'imposition modifie la structure des prix relatifs et suscite des réactions de découragement à l'égard du travail ou de l'épargne : c'est l'« effet substitution ». L'agent substitue au travail d'autres activités (il se consacre aux loisirs ou à des activités moins taxées). Cela explique, d'après ces auteurs, le développement d'une économie informelle et l'évasion fiscale.
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Écrit par
- Annie SORIOT : chercheur au G.R.E.S.E. (Groupe de recherches épistémologiques et socio-économiques), université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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