FOUTA-DJALON
Ensemble de hauts plateaux situés en Guinée, le Fouta-Djalon, souvent appelé le « château-d'eau de l'Afrique de l'Ouest » couvre environ 80 000 kilomètres carrés. Cet ensemble est composé de couches épaisses de grès et de basaltes, relevées vers le sud-est. Le Fouta-Djalon s'élève au-dessus de la plaine côtière à l'ouest et au nord par une série de gradins ; à l'est, la retombée sur la plaine est plus douce, les vallées y sont moins profondes. Les plateaux sont très disséqués par des vallées profondes et étroites, fréquemment orientées nord-sud, changeant brutalement de direction. Ils sont souvent cuirassés de latérite ; on les désigne par le mot peul bowal (ou bowé au pluriel) ; leur importance économique et humaine est très grande.
Les plateaux présentent des zones différentes : les hauts plateaux centraux (1 200-1 515 m), autour de Labé et de Pita, sont traversés par des vallées profondes ; le plateau oriental, où le Bafing, l'une des deux branches mères du Sénégal, prend sa source ; le rebord nord, tourné vers Youkounkoun et dominé par le mont Loura (1 515 m), point culminant du Fouta-Djalon, près duquel la Gambie prend sa source ; le plateau ouest, plus bas, autour de Gaoual et Télimélé, disséqué par le Cogon, le Tominé et le Fatala. Les gabbros forment souvent les pics : mont Gargan près de Kindia, massif Kakoulima au nord-est de Conakry.
Le climat du Fouta-Djalon est plus sain que celui des plaines côtières. Les températures varient de 22 0C en saison sèche à 18 0C en saison humide. De décembre à février, saison sèche, souffle l'harmattan, et, dès avril, débute la saison des tornades et des pluies qui dure jusqu'en septembre. Les précipitations annuelles varient de 1 700 à 2 000 millimètres. La végétation, soumise à l'alternance de périodes de précipitations abondantes et de sécheresse (4 mois), doit pousser sur des sols peu riches et même non cultivables. La forêt primitive, réduite par les pratiques agricoles, a laissé place à la brousse, brûlée périodiquement pour permettre une agriculture sur brûlis (lougan). La prairie et les bowé, impropres à la culture sont les zones de pâture des troupeaux peuls. On cultive sur le lougan successivement du riz de montagne, du fonio, du millet, du maïs.
La conservation des sols est un problème important dans cette région où la latéritisation est importante. Les sols en jachère sont pâturés par le bétail ndama court et trapu, résistant à la maladie du sommeil. Les agriculteurs Malinké, asservis par les Peuls au xviie siècle lors de la conquête du Fouta-Djalon, ont été repoussés dans les vallées moins salubres, où ils cultivent le riz irrigué.
L'agriculture de rapport est limitée : les bananes sont récoltées dans les vallées humides jusqu'à Mamou et dans la dépression Kolenté-Kakrima. Les ananas et les agrumes sont cultivés sur les sols les plus secs.
L'habitat rural est stable et l'industrie pratiquement inexistante ; 90 p. 100 de la population est rurale. La région dispose d'un potentiel hydroélectrique important et d'un vaste gisement de bauxite près de Tougué. Le tourisme et en voie de développement ; l'artisanat et le commerce restent les deux activités principales de la population. Les vieilles villes du Fouta-Djalon sont Mali, Pita, Labé (environ 250 000 hab.), principal centre commercial et capitale régionale ; les villes nouvelles de Mamou et Kindia (environ 280 000 hab. en 2005) ont été créées sur la ligne de chemin de fer Conakry-Kankan.
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Écrit par
- Marie-Christine AUBIN : directeur de recherche au C.N.R.S.et au C.E.R.I. (Fondation nationale des sciences politiques)
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