FRANC CFA (Communauté financière africaine)
Unité monétaire de la Communauté financière africaine (CFA), créée à la fin de 1945 pour les anciennes colonies françaises d'Afrique ainsi que pour Madagascar, la Réunion, les Comores, et Saint-Pierre-et-Miquelon. Sa valeur, fixée à l'origine à 1,70 FF (franc français) de l'époque, a été portée à 2 FF en 1948. Cette parité de 50 pour 1 avec le franc français est restée immuable jusqu'au 11 janvier 1994 pour les pays africains de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine : Bénin, Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo et de l'UDEAC (Union douanière et économique des États de l'Afrique centrale, devenue Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC, en 1999 : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Tchad). À cette date est intervenue une dévaluation de 50 p. 100 qui a fixé la valeur de 100 francs CFA à 1 FF ; parallèlement, le franc comorien était dévalué de 33,33 p. 100. Ces quatorze pays d'Afrique et les Comores (avec le franc comorien) constituent l'actuelle zone franc qui, depuis les disparitions de la zone sterling et de la zone rand, demeure la seule zone monétaire dans le monde. La convertibilité du franc CFA à l'euro reste garantie par la France, mais les pays concernés doivent déposer 50 p. 100 de leurs réserves de change auprès du Trésor français. Les opérations de conversion ne sont plus libres depuis 1993.
Le sigle CFA correspond à la Communauté financière en Afrique pour les États de l'UEMOA, que lie entre eux un traité d'union monétaire signé en 1962, et à la Coopération financière en Afrique pour ceux de la CEMAC ; les uns et les autres entretiennent avec la France un accord de coopération. Les deux groupes ont respectivement pour organe d'émission la BCEAO (Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest) et la BEAC (Banque centrale des États d'Afrique centrale), auxquelles s'ajoute la BCC pour les Comores.
Conçu à l'origine comme l'instrument et le symbole d'une solidarité économique et financière entre la France, et ce que la Constitution de 1946 a appelé l'Union française et celle de 1958 la Communauté, le franc CFA a vu son rôle se réduire à une notion plus formellement monétaire à mesure que les États de la Communauté parachevaient leur indépendance et que la France resserrait ses liens avec la Communauté européenne. Les accords de coopération conclus entre 1960 et 1963 entre la France et ses anciennes colonies africaines, devenues des États de la zone franc, ont été modifiés en conséquence des regroupements intervenus entre ces derniers.
Dès avant la fin de 1972, les États africains revendiquaient d'une façon générale une plus grande liberté monétaire à l'égard de la France ; le Togo réclamait une réévaluation du franc CFA et la République malgache quittait la zone franc pour instituer le franc malgache, qui deviendra l’ariary en 2003 à raison de 1 ariary pour 5 francs CFA En juin 1973, la Mauritanie remplaçait le franc CFA par l'ouguiya, à raison de 1 ouguiya pour 5 francs CFA. Les accords conclus à la fin de 1973 entre la France et les États de l'Union ouest-africaine ont, sur certains points, limité les responsabilités de la France dans l'administration de ce groupement et accru la possibilité, pour les États intéressés, de rechercher hors de la zone franc les financements nécessaires à leur développement.
Le dispositif a fonctionné de façon satisfaisante au cours de la période 1975-1980, puis la tendance s'est inversée : sujets à une perte de compétitivité internationale que ne pouvait compenser, comme chez certains concurrents (Nigeria, Ghana), le recours à la dévaluation, les pays africains de la zone éprouvaient les plus grandes[...]
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Écrit par
- Georges BLUMBERG : licencié en droit, diplômé de l'École nationale des langues orientales vivantes, professeur à la faculté libre, autonome et cogérée d'économie et de droit, Paris
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