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FRANCE L'année politique 2012

Dominée par les élections présidentielle et législatives, l'année 2012 voit le retour au sommet de l'État d'un président socialiste et d'un gouvernement de gauche à forte majorité socialiste. Celui-ci s'emploie, dès son arrivée au pouvoir en mai, à envoyer des signaux manifestant sa volonté de rupture par rapport aux précédents gouvernements de droite. Sa tâche est compliquée par une situation économique préoccupante, qui accroît pessimisme et inquiétude chez la population. Très tôt, la nouvelle équipe est confrontée à des tensions internationales fortes, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, et à un malaise européen grandissant. Sur le plan intérieur, la vie politique est marquée par la crise majeure à l'U.M.P., la création d'un nouveau parti centriste, les tensions entre le gouvernement et les écologistes et la contestation de la politique gouvernementale tant par la gauche radicale que par une partie des entrepreneurs, discordes qui amplifient le sentiment d'incertitude.

Un nouveau gouvernement pour une nouvelle politique ?

Louis Gallois, 2012 - crédits : Presse/ Présidence de la République

Louis Gallois, 2012

Composé de trente-quatre ministres, avec une parité parfaite entre hommes et femmes, associant radicaux de gauche et écologistes tout en représentant les diverses sensibilités du Parti socialiste (P.S.), le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, formé le 16 mai, entend à la fois orienter son action à gauche, conformément aux engagements de campagne de François Hollande, et prendre en compte les appels à un « choc de compétitivité », préoccupation première des entreprises. Il souhaite également engager une politique de réduction du déficit budgétaire – objectif visé de 3 p. 100 en 2013 – et juguler l'augmentation de la dette publique. D'un côté, il met en œuvre, dès la loi de finances rectificative de 2012 adoptée en juillet, une politique de réduction de la dette publique, poursuivie en fin d'année par la loi de finances pour 2013. Cette politique passe par des prélèvements fiscaux supplémentaires de 20 milliards d'euros (10 milliards sur les ménages, principalement les plus aisés ; 10 milliards sur les entreprises, surtout les plus grandes) et une réduction des dépenses de 10 milliards d'euros. Les prélèvements obligatoires doivent ainsi passer de 42,5 p. 100 du P.I.B. en 2010 à 46,3 p. 100 en 2013, les hausses totales d'impôts représentant 65 milliards d'euros pour la période 2011-2013. Ainsi, le seul impôt sur le revenu, qui rapportait 51,5 milliards d'euros en 2011, devrait faire entrer dans les caisses de l'État 59 milliards d'euros en 2012 et 72,6 milliards d'euros en 2013, soit une hausse de 41 p. 100 en deux ans. La mesure symbolique de l’imposition à 75 p. 100 de la fraction des revenus d’une personne supérieurs à un million d'euros est toutefois annulée pour des raisons techniques par le Conseil constitutionnel. D'un autre côté, notamment à la suite de la publication du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité de l'industrie française, il décide d'un transfert des charges sociales à hauteur de 20 milliards d'euros sur la T.V.A., solution que François Hollande avait pourtant exclue pendant la campagne électorale. Cette politique est contestée à droite, mais aussi par certains économistes de gauche : les craintes portent sur l'ampleur du plan d'économie, qui pourrait avoir des effets négatifs sur la consommation et l'investissement, un impact sur une partie des classes moyennes, et présente des risques de découragement, de moindre attractivité du pays pour les investisseurs étrangers et de fuite des capitaux et des talents. Alors qu'une partie de la gauche radicale s'alarme des avantages, indus à ses yeux, que les entreprises trouveraient à la baisse des charges, la droite pointe une contradiction avec les mesures fiscales du gouvernement et considère le choc de compétitivité envisagé insuffisant pour mettre les entreprises françaises dans une position favorable par rapport[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Médias

Louis Gallois, 2012 - crédits : Presse/ Présidence de la République

Louis Gallois, 2012

François Hollande et Barack Obama, Washington, mai 2012 - crédits : Présidence de l'Elysée

François Hollande et Barack Obama, Washington, mai 2012