Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FRANCE L'année politique 2010

En France, 2010 fut une année de troubles et de contestations en même temps que de réformes. À maints égards, elle apparaît comme marquée par le prolongement des tendances de l'année précédente : poursuite de la crise économique et sociale malgré une légère amélioration de la croissance, progression de l'impopularité du chef de l'État, persistance des divisions de la gauche, multiplication des « affaires », sur fond d'un environnement mondial jugé souvent inquiétant. Ce fut aussi une année de réformes importantes (retraites, collectivités territoriales) et d'élections, qui vit également deux remaniements ministériels. Elle ouvre enfin la perspective d'une année 2011 décisive sur le plan international comme sur le plan interne. La France a pris en novembre, pour un an, la présidence du G20 et du G8, qui apparaît à beaucoup comme une forme de test pour Nicolas Sarkozy dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012 que tous les partis ont désormais à l'esprit.

Une crise économique et sociale qui reste inquiétante

Si le taux de croissance s'améliore sensiblement, ce qui devrait porter l'augmentation du P.I.B. à 1,6 p. 100 en 2010 (contre une baisse de 2,3 p. 100 en 2009), le chômage augmente de plus de 2 p. 100 en 2010. D'autres signaux restent aussi alarmants. D'abord, un décrochage significatif s'est produit par rapport à l'Allemagne (dont la croissance annoncée est de 3,6 p. 100 après une récession de 4,7 p. 100 en 2009, plus forte que celle de la France), qui bénéficie de la structure de son économie tirée par les exportations, notamment à destination des pays émergents, alors que le commerce extérieur français est orienté au deux tiers sur l'Europe, dont la croissance est plus mesurée. Ensuite, l'investissement tarde à reprendre dans un contexte de surcapacité relative et de compétitivité trop faible. L'accès au crédit reste également problématique pour de nombreuses entreprises petites et moyennes, malgré des taux d'intérêt qui demeurent historiquement bas. Quant au pouvoir d'achat, qui ne devrait augmenter que de 1,4 p. 100 en 2010, il reste trop faible pour espérer une reprise notable de la consommation, dans un pays où un cinquième des Français perçoivent un revenu du niveau du S.M.I.C. En même temps, les entreprises du CAC 40 ont enregistré de bons résultats, grâce à une politique rigoureuse de compressions des coûts.

Dans ce contexte préoccupant, le gouvernement est obligé d'agir simultanément sur trois tableaux. D'abord, il lui faut poursuivre une politique fondée sur les investissements d'avenir et les secteurs innovants. Dans cette perspective, le grand emprunt, décidé en juin 2009 (22 milliards levés sur les marchés, 13 milliards provenant du remboursement des sommes prêtées aux banques), est toujours considéré comme un instrument majeur. Ensuite, compte tenu de l'endettement de la France (plus de 1 500 milliards d'euros) et du poids sur le budget du remboursement de la dette, le gouvernement s'est engagé dans une politique de réduction du déficit dans un contexte de croissance du risque souverain en Europe. Enfin, dans le cadre d'une contestation accrue des inégalités entre les catégories sociales, le président de la République a annoncé, dans une allocation télévisée de novembre 2010 consécutive au remaniement ministériel, des ajustements importants de la fiscalité, qui devraient signifier une pause dans la politique de réduction du montant des prélèvements obligatoires mise en œuvre jusqu'à présent.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification