- 1. Une crise économique et sociale qui reste inquiétante
- 2. Une politique continue de réformes au risque de la contestation
- 3. Les élections régionales et le déplacement du centre de gravité politique
- 4. Les remaniements ministériels et les contestations au sein de la majorité
- 5. Une position internationale contrastée
- 6. Une vie politique marquée par les affaires
- 7. Les nouveaux troubles de la gauche
- 8. Une année 2011 ouverte
FRANCE L'année politique 2010
Les remaniements ministériels et les contestations au sein de la majorité
Le 22 mars, le premier remaniement de l'année 2010, dans la foulée des élections régionales, fut d'importance assez limitée. Il voit l'arrivée au gouvernement d'un ministre proche de Jacques Chirac, François Baroin, et d'un secrétaire d'État fidèle de Dominique de Villepin, Georges Tron. Xavier Darcos quitte le gouvernement à la suite de son échec électoral ; il sera appelé par la suite à prendre la tête du nouvel Institut français chargé de promouvoir la culture française à l'étranger. Martin Hirsch, de plus en plus mal à l'aise avec certaines orientations du gouvernement, notamment sur les questions de sécurité et d'immigration, abandonne ses fonctions de haut-commissaire aux Solidarités actives et de haut-commissaire à la Jeunesse pour prendre la présidence de la nouvelle Agence du service civique.
Un remaniement plus substantiel devait toutefois intervenir en novembre, après le vote définitif de la loi sur les retraites et la réunion du G20 à Séoul. Annoncé six mois auparavant, il avait entretenu les spéculations sur le remplacement du Premier ministre, François Fillon, par une autre personnalité. Celui-ci est finalement reconduit dans ses fonctions, tandis qu'entrent au gouvernement Alain Juppé, nommé ministre d'État, ministre de la Défense, premier dans l'ordre protocolaire, le centriste Michel Mercier, garde des Sceaux, ainsi que Patrick Ollier, Philippe Richert, la villepiniste Marie-Anne Montchamp, Frédéric Lefèbvre et Jeannette Bougrab. Michèle Alliot-Marie hérite du ministère des Affaires étrangères et européennes avec le titre de ministre d'État et Nathalie Kosciusko-Morizet est promue ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, tout en perdant l'Énergie. Ce remaniement voit aussi le retour au gouvernement du secrétaire général de l'U.M.P. Xavier Bertrand, dans un grand ministère du Travail et de la Santé. Le ministère chargé de l'Identité nationale est supprimé alors que le ministre de l'Intérieur voit ses compétences accrues, avec l'Immigration, tout comme le ministre de l'Agriculture, avec l'Aménagement du territoire. Quittent le gouvernement Éric Woerth, fragilisé par l'affaire Bettencourt, Jean-Louis Borloo, un moment pressenti comme Premier ministre et qui souhaitait partir après son échec, et Hervé Morin, qui avait annoncé sa candidature à la présidence de la République en 2012, ainsi que Rama Yade, dont certaines prises de position semblent avoir indisposé Nicolas Sarkozy. Celle-ci est cependant nommée, à la fin de décembre, ambassadeur auprès de l'U.N.E.S.C.O. Surtout, par ce remaniement, Nicolas Sarkozy clôt la politique dite « d'ouverture » conduite depuis trois ans, avec le départ de Bernard Kouchner, de Jean-Marie Bockel et de Fadela Amara, le dernier signe de cette politique ayant été offert par la nomination comme premier président de la Cour des comptes, à la suite du décès en janvier de Philippe Séguin, du socialiste Didier Migaud, jusqu'alors président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Certains « poids lourds » du gouvernement conservent leur portefeuille, notamment Christine Lagarde, François Baroin, Brice Hortefeux et Luc Chatel. Concomitamment à ce remaniement, Jean-François Copé devient secrétaire général de l'U.M.P. et il est remplacé à la tête du groupe parlementaire de ce parti par le chiraquien Christian Jacob. D'ores et déjà, le nouveau secrétaire général, qui ne fait pas mystère de son souhait de se présenter à la présidentielle de 2017, se positionne également comme le concurrent du Premier ministre pour la candidature de la droite à l'élection municipale de 2014 à Paris.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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