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FRANCE L'année politique 2010

Une position internationale contrastée

Au-delà d'une action internationale marquée par le souci d'acquérir une position plus forte sur les marchés extérieurs par le biais des « grands contrats » et la volonté de rétablir de meilleures relations avec la Chine, la politique gouvernementale a conduit à une position internationale dénotant une certaine ambiguïté. D'un côté, Nicolas Sarkozy s'efforce de montrer que la France est capable de promouvoir des règles internationales visant à une meilleure régulation des marchés financiers et à une plus juste répartition des ressources. Cette politique conduit à faire de la France un acteur majeur non seulement en Europe, grâce à une meilleure convergence des points de vue avec l'Allemagne dont témoigne le projet de révision du traité de Lisbonne porté conjointement à la fin d'octobre (afin essentiellement de renforcer la discipline budgétaire entre les membres de l'Union et de pénaliser les « mauvais élèves »), mais aussi plus largement lorsqu'elle présente un agenda ambitieux (réforme du système monétaire international, lutte contre la volatilité des prix des matières premières, refonte de la gouvernance mondiale) pour la présidence du G20 qui lui échoit pour un an, à compter de novembre 2010. D'un autre côté, certaines de ses prises de position ont pu conduire à l'isoler en Europe, avec même une onde de choc dépassant le seul continent comme on l'a vu à l'occasion de la polémique particulièrement rude, au cours de l'été, après les déclarations sur les expulsions de Rom et une circulaire jugée « stigmatisante » du ministre de l'Intérieur, rapidement retirée ; un projet de loi sur le renvoi des mineurs roumains devait également être annulé par le Conseil constitutionnel le 4 novembre. S'y ajoutèrent les critiques internes des défenseurs des droits de l'homme, d'une partie de la majorité et de l'Église catholique, beaucoup estimant qu'une ligne blanche avait été franchie.

La France doit aussi compter avec des difficultés d'ordre différent. La plus inquiétante concerne les prises d'otages français en Afrique par des mouvements liés à Al-Qaida, l'un d'entre eux étant assassiné en juillet par ses ravisseurs. Le gouvernement insiste régulièrement sur le niveau élevé de la menace terroriste en France même. Sur un autre plan, alors que le président de la République avait massivement investi sur une proximité accrue avec les États-Unis, la moindre attention portée par Washington à ses relations avec l'Europe et, au sein de cette zone, son intérêt plus marqué pour le Royaume-Uni, allié traditionnel, et l'Allemagne, première puissance européenne de demain, pourraient conduire à quelques déceptions. La difficulté à entretenir de bonnes relations avec Washington tout en conduisant un jeu spécifique avec la Russie pourrait également mettre la France en porte-à-faux. Enfin, la difficulté à expliquer à l'opinion l'importance de la présence française en Afghanistan, où les pertes humaines restent élevées, le maintien d'une relation difficile avec l'Algérie, des rapports toujours ambigus avec une partie de l'Afrique francophone et le faible dynamisme de l'Union pour la Méditerranée rendent la politique étrangère peu compréhensible pour l'opinion, tandis que ses priorités sont difficilement identifiables par les spécialistes. Le projet de conférence internationale sur le processus de paix au Moyen-Orient, annoncé en 2009, n'a pas non plus abouti. Dans ce contexte, les restrictions continues, depuis de nombreuses années, des moyens d'action de l'État à l'étranger, y compris en matière de coopération, dénoncées dans deux tribunes successives par les anciens ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et Hubert Védrine, d'un côté, par trois anciens[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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