- 1. Une crise économique et sociale qui reste inquiétante
- 2. Une politique continue de réformes au risque de la contestation
- 3. Les élections régionales et le déplacement du centre de gravité politique
- 4. Les remaniements ministériels et les contestations au sein de la majorité
- 5. Une position internationale contrastée
- 6. Une vie politique marquée par les affaires
- 7. Les nouveaux troubles de la gauche
- 8. Une année 2011 ouverte
FRANCE L'année politique 2010
Une vie politique marquée par les affaires
Deux affaires ont largement marqué l'année 2010. La première est liée au soupçon de fraude fiscale dont se serait rendue coupable Liliane Bettencourt, principale propriétaire du groupe L'Oréal. Portée au grand jour par un différend opposant cette dernière à sa fille à propos de donations effectuées par la première au photographe François-Marie Banier, différend finalement réglé par un accord intervenu à la fin de novembre, elle a conduit à mettre en cause le ministre chargé notamment du Budget et, partant, de la cellule fiscale du ministère à l'époque des faits, Éric Woerth – par ailleurs mis en cause dans le dossier de la cession de l'hippodrome de Compiègne avec des soupçons de favoritisme et de « prise illégale d'intérêts » –, dont l'épouse avait été embauchée par la structure chargée de gérer la fortune familiale de Liliane Bettencourt. Cette affaire a connu d'autres prolongements liés au soupçon de partialité du procureur initialement chargé de requérir sur celle-ci, considéré comme proche de l'Élysée, avant le dépaysement de la procédure, mais aussi aux investigations de la police sur l'origine des fuites dont auraient bénéficié certains journaux. Diverses procédures étaient encore en cours à la fin de l'année malgré la clôture du volet privé de l'affaire.
Plus grave semble le dossier concernant l'assassinat au Pakistan, en mai 2002, de salariés français de la Direction des constructions navales (D.C.N.), dans lequel apparaissent des soupçons de rétrocommissions versées par Karachi qui auraient bénéficié à la campagne d' Édouard Balladur, candidat malheureux à la présidence de la République en 1995. L'arrêt du versement des commissions à des intermédiaires pakistanais, à l'époque légales, dont certains semblent estimer qu'il serait aussi dû à l'existence de ces rétrocommissions, expliquerait l'assassinat des ingénieurs de la D.C.N. Cette affaire pourrait éclabousser plusieurs responsables politiques français, dont certains ont déjà été entendus par les juges chargés de l'enquête. La révélation d'une validation des comptes de campagne de l'ancien Premier ministre par le Conseil constitutionnel, contre l'avis des rapporteurs et grâce à la voix de son président Roland Dumas, devait ajouter à l'opacité de ce dossier.
Quant à Jacques Chirac, malgré la transaction conclue avec la Mairie de Paris, il devrait être renvoyé en correctionnelle dans l'affaire des emplois fictifs des chargés de mission de la Ville de Paris et jugé en 2011. Si d'autres affaires locales défrayent également la chronique – notamment le soupçon d'un système de corruption mis en place par le frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône –, certains s'alarment du maintien au gouvernement du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, condamné deux fois en première instance pour injures à caractère racial et atteinte à la présomption d'innocence.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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