FRANCE, archéologie
L’archéologie pour les citoyens
Avec la conservation et l’étude scientifique, la diffusion des connaissances constitue le troisième volet obligé de l’archéologie. Elle a été la clé de l’intérêt du public et a permis l’essor indispensable de l’archéologie préventive. À partir des années 2000, l’INRAP, en particulier, a produit des efforts considérables qui ont porté leurs fruits. Sous l’égide du ministère de la Culture, les Journées nationales de l’archéologie, organisées à partir de 2010 (devenues « européennes » à partir de 2016), rassemblent chaque année, durant un week-end de juin, plus de 200 000 personnes sur les chantiers, dans les musées ou aux expositions. Le nombre de livres destinés au grand public a également sensiblement augmenté.
Cet intérêt croissant, en l’absence d’un grand Musée national correctement doté et visible, a été efficacement relayé par un certain nombre de collectivités qui ont ouvert des musées actifs et innovants. Mentionnons notamment le musée de Préhistoire de Nemours en 1981, celui d’Orgnac en 1988 (devenu Cité de la préhistoire en 2014), celui de Tautavel en 1992, le musée et parc archéologique de Bougon en 1993, le musée départemental Arles antique et le musée de Bibracte en 1995, le musée des Merveilles de Tende en 1996 (rénové en 2019), le musée de Préhistoire des gorges du Verdon en 2001, le musée de site de la villa gallo-romaine Vesunna à Périgueux en 2003, le musée du Pays châtillonnais à Châtillon-sur-Seine en 2009 et l’agrandissement la même année du musée de la Préhistoire du Grand Pressigny (Indre-et-Loire), le musée Alésia- centre d’interprétation en 2012, le musée des Confluences à Lyon en 2014, le musée de la Romanité à Nîmes en 2018, le musée Narbo Via à Narbonne et le Musée archéologique du lac de Paladru (MALP) en 2022. Enfin, le musée de Carnac, dans le Morbihan, a été profondément rénové, tout comme d’autres musées anciens à Bordeaux, Amiens, Metz, Grenoble ou Besançon.
Il faut également mentionner les parcs archéologiques de plein air comme Samara dans la Somme, le musée des Temps barbares à Marle (Aisne) ou encore Quinson, ainsi que les répliques des grottes préhistoriques inaccessibles au public, de Lascaux, Chauvet et Cosquer, qui connaissent un grand succès.
En contraste, on ne peut que regretter la faible présence des chaînes de télévision sur ce sujet, contrairement à bien d’autres pays, et qui, faute d’émissions régulières, se contentent au mieux de diffuser des documentaires certes de qualité, mais bien souvent d’origine étrangère.
Tout au longd’un demi-siècle d’archéologie française, en grande partie préventive, des milliers de sites ont pu être, sinon sauvés, du moins fouillés et étudiés avant destruction, ce que l’on appelle justement, faute de mieux, la « conservation par l’étude ». Pour des périodes jusque-là très mal connues comme le Néolithique ou le haut Moyen Âge, des centaines de sites sont apparus, avec des milliers de bâtiments, permettant de mieux connaître le mode d’occupation des territoires. Ainsi, la Gaule n’était pas couverte de forêt, mais quadrillée de grandes exploitations rurales. De la Gaule romaine, on ne connaît plus seulement les grands monuments et quelques villae prestigieuses, mais tout le tissu rural et urbain. Le Moyen Âge ne se réduit plus à ses cathédrales et à ses châteaux, mais s’est étendu là encore à ses villages, ses petites villes, ses installations industrielles, ses moulins. Sans compter l’archéologie industrielle et celle des conflits mondiaux. L’archéologie française a donc radicalement changé. Mais elle reste fragile, entre manipulations de l’histoire et remises en cause de son action patrimoniale au nom d’intérêts économiques.
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Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
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