- 1. La commande au service du pouvoir
- 2. Le Front populaire inscrit l'art dans l'espace public
- 3. Le retour de la sculpture
- 4. La commande publique revisitée
- 5. Une nouvelle impulsion politique
- 6. Comment déconcentrer la commande publique ?
- 7. Des commandes autour des tramways
- 8. Bibliographie
- 9. Vidéographie
FRANCE (Arts et culture) L'art public
Le Front populaire inscrit l'art dans l'espace public
Il faut attendre les années 1930 et l'arrivée de Jean Zay au ministère de l'Éducation nationale pour constater les premiers signes avant-coureurs d'un retour de l'art dans l'espace public. Entouré de Jean Cassou, de Georges Huisman et de Louis Hautecœur, le ministre relance la commande publique et encourage une rupture avec la tradition monumentale qui a marqué tout le xixe siècle. La contrainte du programme trop strict est abandonnée, les commandes peuvent être ouvertes à des artistes exclus de l'académie et l'État tente, en réaffirmant son soutien à la création vivante, de réconcilier le public avec l'art de son temps.
À Paris, l'Exposition internationale de 1937 est l'occasion de lancer un important ensemble de commandes pour la décoration du palais de la Découverte (Léger, Herbin, Lipchitz et Laurens) ainsi que pour les nombreux pavillons temporaires ; celui des Temps modernes (Le Corbusier), des Artistes modernes (Pingusson et Gleizes pour « l'accompagnement d'architecture ») ou de l'Air (Robert et Sonia Delaunay). Neuf cents commandes ont accompagné cette manifestation exceptionnelle.
Parallèlement à ces commandes, marquées par un souci d'ouverture aux courants novateurs, Jean Zay ébauche les prémices du 1 p. 100 artistique (enveloppe budgétaire réservée sur le budget global d'une construction publique et destinée à la commande d'une œuvre d'art) en proposant une mesure selon laquelle 1,50 p. 100 des crédits de construction d'établissements d'enseignement seraient destinés à la commande de travaux de décoration, confiés à « des artistes en difficulté. » La décoration murale de bâtiments publics comme le Conservatoire des arts et métiers (A. Lhote), l'amphithéâtre de l'École de pharmacie (Charles Dufresne) ou encore la singerie du Muséum d'histoire naturelle (Raoul Dufy) en sont le résultat. On notera toutefois que ces réalisations restent des décorations d'édifices et que l'œuvre dans l'espace public n'est pas encore véritablement autonome.
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Écrit par
- Caroline CROS : conservateur du Patrimoine, inspectrice de la création artistique, direction générale des créations, ministère de la Culture et de la communication
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média