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FRANCE (Arts et culture) Le cinéma

Les années 1990

Pendant les années 1980, on voit se développer une brillante école du court-métrage à laquelle s’intéressent les producteurs soucieux de renouvellement. Ainsi, René Cleitman (Hachette Première) remarque François Dupeyron, qui lui propose Drôle d’endroit pour une rencontre (1988). Séduit par le scénario et les dialogues, Cleitman en fait un film de stars, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu acceptant de risquer leur image dans ce premier long-métrage, sorte de lamento nocturne sur un parking désert. Dans les deux années qui suivent, Alain Rocca (Productions Lazennec) passe des courts aux longs-métrages avec Un mondesans pitié d’Éric Rochant (1989) et La Discrète de Christian Vincent (1990), deux succès publics et critiques, le premier dans l’esprit bravache de Godard, le second dans la tendance douce amère de Truffaut.

De son côté, Pascal Caucheteux, après avoir produit le moyen-métrage d’ Arnaud DesplechinLa Vie des morts (1990), fonde Why Not Productions pour financer La Sentinelle (1992), premier long-métrage à gros budget (vingt millions de francs, treize semaines de tournage) de celui qui va devenir le chef de file du cinéma d’auteur. S’attachant à la représentation du tragique identitaire, Desplechin déploie d’intenses chroniques chorales familiales et générationnelles (Rois et reine, 2004) à travers une narration heurtée et une esthétique d’une étrange beauté. Sortis également en 1992, Bar des rails et Nord sont réalisés par deux réalisateurs de 24 ans, Cédric Kahn et Xavier Beauvois. Tous deux sont consacrés à l’adolescence. Le premier film est l’œuvre d’un écorché vif, le second celle d’un révolté tragique, tandis que Philippe Faucon, avec Sabine (1992), marque le début d’une galerie de personnages qui vont marquer le cinéma français. Tout à l’opposé, Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, 1991) est un premier long-métrage bizarre, grinçant, d’une démesure décorative et fantastique.

Mentionnons également Robert Guédiguian qui tourne depuis 1990 à Marseille (Marius et Jeannette, 1997), Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber, en 1994, monte en parallèle l’histoire de deux truands minables et le parcours de celui qui se lance par la suite à leur poursuite), Bruno Dumont (La Vie de Jésus, en 1997, où le mal rôde dans les villes sinistrées du Nord), François Ozon (Regarde la mer, en 1997, où l’ambivalence est érigée en méthode de mise en scène), Claire Denis (Nénette et Boni, 1996, un étrange couple que forment le frère enfermé dans le silence et la sœur terrorisée par une maternité refusée), Bertrand Bonello (Le Pornographe, en 2001, où le thème de la filiation emprunte d’étranges détours), Noémie Lvovsky (La vie neme fait pas peur, en 1999, animé par le rire et les larmes de quatre gamines « speedées »), Pascale Ferran (Petits Arrangements avec les morts, en 1994, triptyque sur le travail du deuil). Quant à la comédie sentimentale, elle se voit renouvelée par Bruno Podalydès, dirigeant son frère Denis dès Dieu seul me voit (1997) et les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Un homme, un vrai, 2003)… D’autres encore, qui rejoindront plus tard Olivier Assayas en plein bilan de génération (Fin août, début septembre, 1998) avant qu’il ne se plonge dans la puissante saga des Destinées sentimentales (2000), d’après le roman de Jacques Chardonne.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, historien de cinéma, président de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma
  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Médias

L'Inhumaine, de M. L'Herbier, 1924, affiche - crédits : Collection privée

L'Inhumaine, de M. L'Herbier, 1924, affiche

Michèle Morgan dans <em>Remorques</em>, de J. Grémillon - crédits : Emmanuel Lowenthal/M.A.I.C/ BBQ_DFY/ Aurimages

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<em>Entre les murs</em>, Laurent Cantet - crédits :  Haut De Court/ The Kobal Collection/ Aurimages

Entre les murs, Laurent Cantet