- 1. Le temps du muet
- 2. Les débuts d'une industrie
- 3. Naissance d'un cinéma d'auteur
- 4. Le choc du cinéma parlant et la Grande Dépression
- 5. La vague des réalismes
- 6. Le cinéma de l'Occupation
- 7. La reconstruction du cinéma français
- 8. La Nouvelle Vague
- 9. Une nouvelle donne pour le cinéma
- 10. Mutations et renouveau
- 11. Les années 1990
- 12. Les années 2000 : le temps de l’affirmation
- 13. Un cinéma pluriel
- 14. Une économie fragile
- 15. Bibliographie
FRANCE (Arts et culture) Le cinéma
Un cinéma pluriel
Si ces cinéastes n’ont pas de « pères » (sinon Maurice Pialat), les « grands frères » des années 1990 leur servent d’exemples, les derniers films d’Olivier Assayas (Sils Maria, 2014 ; PersonalShopper, 2016) et d’Arnaud Desplechin (Trois Souvenirs de majeunesse, 2015) étant parmi leurs plus accomplis, tandis que Bruno Dumont change radicalement de ton avec sa drolatique mini-série produite par Arte, P’tit Quinquin (2014), puis avec Ma Loute (2016), comédie burlesque virant au gore.
Beaucoup plus nombreux que les fondateurs de la nouvelle vague, ils explorent aussi davantage de genres : le polar (Le Tueur, 2007 ; L’Avocat, 2010 ; La prochaine fois je viserai le cœur, 2014, de Cédric Anger), la comédie légère hollywoodienne (Un baiser s’il vous plaît, d’Emmanuel Mouret, 2007), le film politique (L’Exercice de l’État, de Pierre Schoeller, 2011 ; Le Grand Jeu, de Nicolas Pariser, 2015). La variété est de règle : préciosités linguistiques baroques à résonance spiritualiste d’un Eugène Green (Le Pont des arts, 2004), fictions anthropologiques de Jean-Charles Hue (La BM du Seigneur, 2011 ; Mange tes morts, 2014), films « en chanté » de Christophe Honoré avec le musicien Alex Beaupain (Les Chansons d’amour, 2007 et Les Bien-aimés, 2011), ou encore le néo-classicisme romanesque de Xavier Giannoli (Marguerite, 2015), sans oublier l’évocation par Rachid Djaïdami d’un Paris métissé qui n’est pas celui des cités dans Rengaine (2012).
Si le jeune cinéma couvre logiquement tous les domaines thématiques et esthétiques, de nombreux réalisateurs cultivent personnellement un éclectisme audacieux : Michel Hazanavicius passe du pastiche des séries d’espionnage d’avant James Bond (OSS 117, Le Caire nid d’espions, 2006) à un hommage au mélodrame hollywoodien des années 1920 (et c’est le triomphe aux oscars de The Artist, 2011), puis à l’évocation de la guerre en Tchétchénie (The Search, 2014). Rabah Ameur-Zaïmeche, qui débute par une plongée douloureuse dans une communauté déchirée entre deux mondes, le quartier et le bled (Weshwesh, qu’est-ce qui se passe ?, 2001 ; Bled Number One, 2006), filme avec panache la légende des Chants deMandrin (2011) dans la France du xviiie siècle, puis une Histoire de Judas (2015) qui réinvente la relation entre Jésus et Judas pour interroger une « vérité » plus profonde. Lui aussi parti d’une description toute en chaleur et violence de la mixité des jeunes d’un collège de banlieue (L’Esquive, 2005) et, mêlant réalisme et lyrisme, comédie et drame, de la communauté maghrébine de Sète (La Graine etle mulet, 2008), Abdellatif Kechiche triomphe avec l’histoire d’une passion destructrice (La Vie d’Adèle, 2013), révélant chaque fois de superbes actrices : Sara Forestier, Hafsia Herzi, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Quant à Michel Gondry, dans un aller-retour constant entre les États-Unis où il débute (Eternal Sunshine of a SpotlessMind, 2004) et la France où il séduit avec le fantasque La Science des rêves (2006), il enchaîne une création collective en direct dans un bus de lycéens du Bronx (The We and the I, 2012) avec le fantastique sophistiqué de L’Écume des jours (2013), d’après Boris Vian.
Afin de caractériser l’ampleur et la persistance du mouvement, les Cahiers du cinéma ont avancé au printemps 2013 l’appellation de NNV (pour « nouvelle nouvelle vague »). Aux trois premiers longs métrages que sont Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez (un fantastique furieux, abrasif et gothique), La Bataille de Solférino de Justine Triet (comédie de mœurs devant le siège du PS, le 6 mai 2012) et La Fille du 14 juillet d’Antonin Peratjatko (la traversée loufoque d’une France estivale léthargique par quelques jeunes utopiques), la revue ajoute deux seconds films : Grand Central (violents affrontements amoureux[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre JEANCOLAS : professeur d'histoire, historien de cinéma, président de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Médias