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FRANCE (Arts et culture) Le cinéma

La Nouvelle Vague

Entre 1958 et 1961, le cinéma français est balayé par une tornade que les médias ont appelé la Nouvelle Vague. Une mutation massive, générationnelle, technologique, esthétique qui constitue pour une grande part la réponse à la demande sociale formulée par la planète cinéphile.

Un renouvellement de la profession était inéluctable. Les films français de 1957 sont trop souvent le fait de réalisateurs qui ont trente, quarante ans de métier. Ils ont formé une génération d'assistants qui doit les remplacer. Mais ils ne seront pas seuls. La brèche, ouverte en 1958, laisse passer des auteurs de courts-métrages : Franju (La Tête contre les murs, 1959), Kast (Le Bel Âge, 1959), et naturellement Resnais (Hiroshima mon amour, 1959). Des cinéphiles, devenus critiques aux Cahiers du cinéma sous la tutelle parfois contestée d'André Bazin (1918-1958), passent à la réalisation dans la foulée de Claude Chabrol (1930–2010), qui a tourné son premier film, Le Beau Serge, dès l'hiver 1957-1958. Ils s'appellent François Truffaut (1932-1984 ; Les Quatre Cents Coups, 1959), Jean-Luc Godard (1930-2022 ; À bout de souffle, 1960), Éric Rohmer (1920-2010 ; Le Signe du lion, 1960), Jacques Rivette (1928-2016 ; Paris nous appartient, 1960). Ils ne sont pas seuls : 97 premiers films sont tournés en France entre 1958 et 1962. Ils sont peu coûteux : les auteurs travaillent avec des caméras légères, des pellicules ultrasensibles qui permettent le tournage à la lumière du jour. Ils intéressent donc les producteurs.

La Nouvelle Vague n'est pas une école, pas même un mouvement ; elle n'a pas été théorisée. Elle est le fait de jeunes hommes qui revendiquent un statut d'auteur que légitime la loi de 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Un demi-siècle plus tard, il est devenu évident que les meilleurs d'entre eux étaient des électrons libres dont la carrière personnelle, singulière, marquera les décennies qui ont suivi. La Nouvelle Vague a été, admirée ou vilipendée, l'objet de débats jamais éteints qui ont vu s'affronter cinéastes, critiques et historiens.

Elle a innové, irrespectueuse d'une grammaire qui corsetait le cinéma (les longs travellings d'Hiroshima mon amour, sous-tendus par la prose incantatoire de Marguerite Duras, sont aussi neufs que le montage insolent d'À bout de souffle). Elle a libéré le son, cassé la théâtralité qui pesait sur le cinéma français depuis le passage au parlant en effaçant des génériques le poste de dialoguiste. Mais il est important de noter que le cinéma de la Nouvelle Vague ne s'est jamais substitué à celui qui existait avant elle. Dans les années 1960, le cinéma d'« avant » reste vivant, qui associe une masse considérable de produits de consommation immédiate et des films remarquables. L'année 1959 est aussi celle du Pickpocketde Bresson. En 1960 sort, quelques semaines après la mort de son auteur, Le Trou de Jacques Becker.

Les années de reclassement qui suivent le reflux de la Nouvelle Vague sont particulièrement riches. Un Godard hyperactif (douze films entre 1963 et 1968, dont Le Mépriset Pierrot le fou) contraste certes avec un Resnais mesuré (quatre films durant la même période, dont Muriel en 1963), mais l'un et l'autre sont reconnus comme des auteurs qui font bouger le septième art, à l'instar de Bresson toujours actif. Autour d'eux, des cinéastes issus de la Nouvelle Vague (Truffaut et Chabrol dans une voie consensuelle, Rivette et Rohmer plus personnels) côtoient Agnès Varda (1928-2019 ; elle avait anticipé le mouvement en dirigeant en 1955 un premier film, La Pointe courte, et s'affirme en 1962 avec Cléo de 5 à 7), et Jacques Demy (1931-1990), qui propose le premier de ses films « en-chantés » en 1964 (Les Parapluies de Cherbourg). Louis Malle (Le Feu follet, en 1963,[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, historien de cinéma, président de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma
  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Médias

L'Inhumaine, de M. L'Herbier, 1924, affiche - crédits : Collection privée

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Michèle Morgan dans <em>Remorques</em>, de J. Grémillon - crédits : Emmanuel Lowenthal/M.A.I.C/ BBQ_DFY/ Aurimages

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<em>Entre les murs</em>, Laurent Cantet - crédits :  Haut De Court/ The Kobal Collection/ Aurimages

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