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FRANCE (Arts et culture) Les Français en question

Les relations privées

Nous en arrivons à celle des réputations qui est le plus profondément enracinée chez les étrangers, la plus difficile peut-être à déloger : les Françaises sont censées être l'incarnation même de la coquetterie et savoir mieux qu'aucune autre user de leur charme pour mettre les hommes à leurs pieds. Le Français, quant à lui, serait le type même du séducteur latin, prodigue de déclarations passionnées et de compliments bien tournés, qui a besoin pour entretenir son ardeur romantique d'une maîtresse en sus de sa femme. Pour l'étranger libidineux qui ne connaît rien de la France, parler d'elle revient presque toujours à s'exclamer avec un clin d'œil : « Ah ! Les belles filles ! » En 1914-1918, l'une des chansons les plus populaires parmi les soldats britanniques était La Madelon. L'image de Brigitte Bardot incarne encore aujourd'hui, en Angleterre comme aux États-Unis, la sexualité triomphante. En réalité, bien sûr, les Français ont des aventures amoureuses ou extramaritales avec une fréquence qui ne dépasse pas ce que l'on peut voir dans des pays comparables. Un tiers des hommes et une femme sur dix avouent s'être livrés à l'adultère, chiffres à comparer avec les 50 p. 100 d'Américains qui déclarent avoir trompé leur femme, chiffres qui renseignent autant sur l'hypocrisie que sur les comportements. Il est hors de doute que la recherche de satisfactions sexuelles est un phénomène général et occupe un rang élevé parmi les priorités qu'implique la quête du bonheur. Environ la moitié des Françaises, en effet, déclarent qu'elles ne sont pas satisfaites de leur vie sexuelle, et les trois quarts de celles qui le sont avouent n'en être arrivées là qu'après des années de frustration. Il serait trop simple d'expliquer cette situation par le fait que la génération actuelle a été élevée par des mères pour qui le sexe était souvent un tabou, ou de l'attribuer à l'ambivalence des sentiments éprouvés par nombre de femmes à l'égard de leur héritage culturel catholique. Au moins aussi important est le manque d'imagination dont les Français continuent à faire preuve dans leurs relations avec les femmes ; dans l'âge mûr, la moitié des maris se voient reprocher ce manque d'imagination par leur épouse.

Les relations entre les êtres commencent à acquérir une dimension nouvelle. À mesure qu'il devient plus facile pour la jeune génération d'accéder aux rapports sexuels, les hommes tendent à devenir presque interchangeables. De plus, les femmes veulent un véritable compagnon ; l'amour ou la sécurité ne leur suffisent plus : elles veulent compter en tant qu'être humain, interlocuteur, personne à part entière, et non pas se voir seulement l'objet d'une admiration physique. Il fut un temps où la beauté était le seul moyen pour une femme de faire son chemin dans le monde. Malgré la persistance chez beaucoup d'hommes d'une discrimination à l'encontre des femmes, il n'en va plus de même. Dans les années 1970, on a pu croire que le couple uni serait le symbole de l'ère nouvelle, mari et femme partageant toutes leurs activités. Cet idéal tend à se répandre et à donner au couple des bases plus solides qu'à l'époque où l'univers mental de la femme et celui de l'homme n'avaient presque rien de commun. Mais aujourd'hui l'avant-garde rejette l'asphyxie que risque de faire naître une union trop étroite : à vouloir s'accorder sur tout, on multiplie les occasions de désaccord. Le compte bancaire conjoint commence à perdre sa fonction de symbole d'union réussie ; on commence à refuser de voir dans la promiscuité sexuelle la solution à tous les problèmes et la jalousie, que croyaient pouvoir abolir les jeunes de 1968, n'a pas disparu. Mais ceux qui aujourd'hui cherchent[...]

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