FRANCE (Histoire et institutions) La France d'aujourd'hui
Nom officiel | République française (FR) |
Chef de l'État | Emmanuel Macron (depuis le 14 mai 2017) |
Chef du gouvernement | Michel Barnier (depuis le 5 septembre 2024) |
Capitale | Paris |
Langue officielle | Français |
La France libérée en 1945 est un pays en ruine, usé par une décennie de crise économique puis cinq années d'occupation. Or, durant la seconde moitié du xxe siècle, elle va connaître une spectaculaire mutation de ses structures économiques, sociales, politiques, culturelles, entraînant des transformations de l'existence quotidienne des Français comme le pays n'en avait jamais connues à l'échelle d'une existence d'homme tout en la maintenant, en dépit des difficultés qui l'affectent, parmi les principales puissances du monde au début du xxie siècle.
L'analyse de la situation française au lendemain de la Libération donne le sentiment d'une catastrophe. Aux six cent mille morts de la guerre s'ajoutent une surmortalité due aux pénuries alimentaires et aux conditions d'hygiène défectueuses et un important déficit de naissances, soit au total des pertes démographiques estimées à deux millions d'individus. Les pertes matérielles ne sont pas moindres : soixante-quatorze départements comptent des usines, des exploitations agricoles, des immeubles détruits. L'infrastructure économique (gares, ponts, ports, voies ferrées) a été écrasée par les bombardements. La France a perdu le quart de ses locomotives, les deux tiers de ses cargos, les trois quarts de ses pétroliers, 85 % de son matériel fluvial, 40 % de ses véhicules automobiles. Au total, les dommages de guerre représentent le quart de la fortune nationale.
Or la situation financière du pays ne permet pas d'envisager le nécessaire redressement. La guerre et l'Occupation ont laissé en héritage près de 1 500 milliards de francs de dépenses non couvertes qui entretiennent une gigantesque inflation et ont fait perdre au franc l'essentiel de sa valeur. La France ne peut échapper à la misère qui la menace que grâce aux dons et aux prêts à très faible intérêt des Britanniques et des Américains.
De surcroît, sur le plan politique, la France connaît un véritable vide juridique. Le régime de la iiie République, sans être formellement aboli, a été suspendu par Vichy et est discrédité auprès des Français par la défaite de 1940. Les élites, une partie des cadres politiques et administratifs qui ont collaboré avec les Allemands ou soutenu Vichy connaissent les rigueurs de l'épuration. Mais les Français ont plébiscité par leurs acclamations le gouvernement provisoire du général de Gaulle qui a libéré le territoire, restauré l'autorité de l'État, remis la France au rang des vainqueurs.
La reconstruction de la France et l'échec de la IVe République
Le relèvement économique de la France
Conscient que l'initiative privée sera impuissante à permettre le redressement économique de la France, les gouvernements provisoires et les premiers gouvernements de la IVe République décident de prendre en main les instruments qui conditionnent celui-ci. Aussi procèdent-ils à un large programme de nationalisations dans les secteurs clés de l'économie : l'énergie (gaz, électricité, charbonnages), les transports (outre la SNCF nationalisée en 1937, les compagnies d'aviation doivent fusionner avec Air France), le crédit (les quatre principales banques de dépôt sont nationalisées). La stratégie du redressement passe par une planification souple de l'économie mise en œuvre par le plan Monnet qui opte délibérément pour une priorité à l'industrie de base, visant dans un premier temps à retrouver le niveau de production de 1929. Pour inciter les Français à fournir l'effort nécessaire afin de gagner la « bataille de la production » sont décidées d'importantes réformes sociales, l'institution des comités d'entreprise afin d'associer le personnel à la gestion de celles-ci et la Sécurité sociale, conçue comme une forme de redistribution des revenus au profit des enfants, des malades, des vieillards. Le financement de cette reconstruction[...]
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Écrit par
- Serge BERSTEIN : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris
Classification
Médias