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FRANCE (Histoire et institutions) La France d'aujourd'hui

Nom officiel République française
Chef de l'État Emmanuel Macron - depuis le 14 mai 2017
Chef du gouvernement François Bayrou - depuis le 13 décembre 2024
Capitale Paris
Langue officielle Français

Article modifié le

La France libérée en 1945 est un pays en ruine, usé par une décennie de crise économique puis cinq années d'occupation. Or, durant la seconde moitié du xxe siècle, elle va connaître une spectaculaire mutation de ses structures économiques, sociales, politiques, culturelles, entraînant des transformations de l'existence quotidienne des Français comme le pays n'en avait jamais connues à l'échelle d'une existence d'homme tout en la maintenant, en dépit des difficultés qui l'affectent, parmi les principales puissances du monde au début du xxie siècle.

L'analyse de la situation française au lendemain de la Libération donne le sentiment d'une catastrophe. Aux six cent mille morts de la guerre s'ajoutent une surmortalité due aux pénuries alimentaires et aux conditions d'hygiène défectueuses et un important déficit de naissances, soit au total des pertes démographiques estimées à deux millions d'individus. Les pertes matérielles ne sont pas moindres : soixante-quatorze départements comptent des usines, des exploitations agricoles, des immeubles détruits. L'infrastructure économique (gares, ponts, ports, voies ferrées) a été écrasée par les bombardements. La France a perdu le quart de ses locomotives, les deux tiers de ses cargos, les trois quarts de ses pétroliers, 85 % de son matériel fluvial, 40 % de ses véhicules automobiles. Au total, les dommages de guerre représentent le quart de la fortune nationale.

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Or la situation financière du pays ne permet pas d'envisager le nécessaire redressement. La guerre et l'Occupation ont laissé en héritage près de 1 500 milliards de francs de dépenses non couvertes qui entretiennent une gigantesque inflation et ont fait perdre au franc l'essentiel de sa valeur. La France ne peut échapper à la misère qui la menace que grâce aux dons et aux prêts à très faible intérêt des Britanniques et des Américains.

De surcroît, sur le plan politique, la France connaît un véritable vide juridique. Le régime de la iiie République, sans être formellement aboli, a été suspendu par Vichy et est discrédité auprès des Français par la défaite de 1940. Les élites, une partie des cadres politiques et administratifs qui ont collaboré avec les Allemands ou soutenu Vichy connaissent les rigueurs de l'épuration. Mais les Français ont plébiscité par leurs acclamations le gouvernement provisoire du général de Gaulle qui a libéré le territoire, restauré l'autorité de l'État, remis la France au rang des vainqueurs.

La reconstruction de la France et l'échec de la IVe République

Le relèvement économique de la France

Conscient que l'initiative privée sera impuissante à permettre le redressement économique de la France, les gouvernements provisoires et les premiers gouvernements de la IVe République décident de prendre en main les instruments qui conditionnent celui-ci. Aussi procèdent-ils à un large programme de nationalisations dans les secteurs clés de l'économie : l'énergie (gaz, électricité, charbonnages), les transports (outre la SNCF nationalisée en 1937, les compagnies d'aviation doivent fusionner avec Air France), le crédit (les quatre principales banques de dépôt sont nationalisées). La stratégie du redressement passe par une planification souple de l'économie mise en œuvre par le plan Monnet qui opte délibérément pour une priorité à l'industrie de base, visant dans un premier temps à retrouver le niveau de production de 1929. Pour inciter les Français à fournir l'effort nécessaire afin de gagner la « bataille de la production » sont décidées d'importantes réformes sociales, l'institution des comités d'entreprise afin d'associer le personnel à la gestion de celles-ci et la Sécurité sociale, conçue comme une forme de redistribution des revenus au profit des enfants, des malades, des vieillards. Le financement de cette reconstruction est assuré par les impôts et une large politique d'emprunts, complétés par l'appoint décisif de l'aide des organismes financiers internationaux et, à partir de 1947, par les versements américains au titre du plan Marshall.

Vers 1950, la reconstruction est globalement achevée et la production a retrouvé son niveau de 1938, mais l'économie française n'est guère modernisée et l'inflation ne cesse d'éroder la valeur du franc. Profitant d'une conjoncture économique mondiale favorable, d'un abaissement des barrières douanières, exigé par les Américains, et des débuts de la construction européenne qui ouvre un large marché aux produits charbonniers et sidérurgiques, les gouvernements successifs procèdent, à travers de nouveaux plans économiques, à une importante expansion qui accroît la richesse nationale, modernise les structures économiques, améliore le niveau de vie des Français. Après des années de pénurie, la France entre durant les années 1950 dans l'ère de la croissance économique. Mais cette incontestable réussite contraste avec l'échec de la reconstruction politique du pays.

Échec de la République parlementaire

Charles de Gaulle, 1946 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle, 1946

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Le général de Gaulle s'était engagé auprès de la Résistance à « rendre la parole au peuple » après la Libération. De fait, le 21 octobre 1945 − les femmes votant pour la première fois dans une consultation nationale − ont lieu un référendum et des élections législatives. Le premier a pour objet de demander aux Français s'ils souhaitent que soit rédigée une nouvelle Constitution et, dans l'affirmative, s'ils acceptent, comme le recommande de Gaulle, que les pouvoirs de l'Assemblée constituante soient limités. La réponse positive des Français aux deux questions fait donc de l'assemblée élue ce même jour une Assemblée constituante, dominée par trois partis issus de la Résistance ou renouvelés par elle, le Parti communiste, le Parti socialiste et le Mouvement républicain populaire (MRP) rassemblant des résistants chrétiens. Très vite s'ouvre un conflit entre ces partis, partisans d'un régime qui donne au Parlement la prééminence dans les institutions, et le général de Gaulle, qui souhaite un « gouvernement qui gouverne » à exécutif renforcé. Impuissant à faire prévaloir ses vues, le général de Gaulle démissionne de la présidence du gouvernement provisoire en janvier 1946, fait connaître en juin 1946 dans son discours de Bayeux sa préférence pour un système où le président de la République serait la clé de voûte des institutions et fonde en avril 1947 le Rassemblement du peuple français (RPF) afin de faire triompher ses conceptions. Mais, entre-temps, les trois principaux partis, associés dans le « tripartisme », ont fait adopter en octobre 1946, à l'issue d'une seconde Constituante, la Constitution de la IVe République, fondée sur la prépondérance de l'Assemblée nationale.

En fait, l'histoire de la IVe République sera celle de l'échec politique de la République parlementaire. En dépit des précautions prises par les constituants, le système politique retrouve les pratiques et les dysfonctionnements qui avaient marqué les dernières années de la IIIe République. La nécessité, pour trouver une majorité, de constituer de larges coalitions de partis dont les vues sont opposées sur des aspects essentiels de l'action politique constitue une cause permanente d'instabilité. Or la IVe République va devoir affronter des problèmes d'une exceptionnelle gravité qui mettent à l'épreuve l'autorité des gouvernements successifs : le déclenchement de la guerre froide, la partition bipolaire du monde, la décolonisation, les débuts de la construction européenne, une inflation quasi permanente entraînant la course des salaires et des prix, les mutations sociales structurelles provoquées par les débuts de la grande croissance...

Dès 1947, les débuts de la guerre froide et l'alignement du Parti communiste sur la politique soviétique entraînent le départ des ministres communistes du gouvernement et la rupture du tripartisme. Pris entre la double hostilité des communistes et du RPF, les partis qui défendent la IVe République constituent alors une nouvelle coalition, la IIIe Force, qui dure jusqu'en 1952, et dont le fonctionnement est entravé par l'antagonisme entre les laïques et les catholiques concernant les subventions à l'école privée et, surtout, par les divergences de vues budgétaires entre les socialistes, qui veulent des dépenses sociales, et les autres partis (radicaux, MRP, modérés), qui veulent limiter les impôts. Pour sortir de l'impasse se constitue en 1952, autour d'Antoine Pinay, une majorité de centre droit qui rejette les socialistes dans l'opposition et intègre une partie des gaullistes du RPF. Mais cette nouvelle majorité est à son tour paralysée par la division de ses membres sur le problème de la Communauté européenne de défense (CED), c'est-à-dire la formation d'une armée européenne à laquelle s'opposent les gaullistes et une partie des socialistes et des radicaux, qui redoutent une perte de la souveraineté nationale.

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Mais ce sont les questions coloniales et l'impuissance de la IVe République à les résoudre qui vont emporter le régime. Depuis 1946, la France est engagée en Indochine dans une guerre contre les nationalistes et les communistes qui revendiquent l'indépendance. Après la défaite française de Diên Biên Phu en 1954, Pierre Mendès France, qui préconisait une négociation, est appelé au pouvoir.

Diên Biên Phu et accords de Genève, 1954 - crédits : The Image Bank

Diên Biên Phu et accords de Genève, 1954

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Après avoir signé les accords de Genève (juill. 1954) qui mettent fin à la guerre d'Indochine, il va donner le seul exemple sous la IVe République d'un gouvernement populaire, capable d'affronter les problèmes qui se posent au pays sans être à la remorque de l'événement. Mais il est renversé au bout de sept mois, laissant à l'opinion la nostalgie d'un gouvernement efficace.

Or la guerre d'Algérie, qui a débuté en novembre 1954 par une série d'attentats organisés par le Front de libération nationale (FLN) pour obtenir l'indépendance et qui gagne en intensité l'année suivante, va devenir le problème majeur du régime. Les élections de 1956 ont conduit au pouvoir la gauche non communiste unie dans le Front républicain, qui s'était engagé à « mettre fin à une guerre imbécile ». Mais le président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, se laisse entraîner dans l'engrenage d'un processus qui subordonne toute négociation à une victoire militaire préalable. La guerre d'Algérie va à son tour diviser la majorité de gauche et la conduire à l'impuissance. Très vite, les présidents du Conseil sont convaincus qu'il n'est d'autre solution que de négocier avec le FLN, mais ne possèdent pas l'autorité nécessaire pour imposer cette solution à l'opinion et, surtout, aux Européens d'Algérie et à l'armée, qui veulent maintenir l'Algérie française. C'est dans ces conditions que, le 13 mai 1958, des manifestants européens s'emparent du Gouvernement général à Alger et y proclament un Comité de salut public. La crainte d'un débarquement en métropole des parachutistes d'Algérie et de la guerre civile qui s'ensuivrait conduit alors l'Assemblée nationale à accepter en juin 1958 le retour au pouvoir du général de Gaulle et à lui accorder les pleins pouvoirs et le droit de rédiger une nouvelle Constitution.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

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Médias

Charles de Gaulle, 1946 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle, 1946

Diên Biên Phu et accords de Genève, 1954 - crédits : The Image Bank

Diên Biên Phu et accords de Genève, 1954

Fin de la guerre d’Algérie, 1962 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Fin de la guerre d’Algérie, 1962

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