FRANCE (Histoire et institutions) La France d'aujourd'hui
Nom officiel | République française (FR) |
Chef de l'État | Emmanuel Macron (depuis le 14 mai 2017) |
Chef du gouvernement | Michel Barnier (depuis le 5 septembre 2024) |
Capitale | Paris |
Langue officielle | Français |
Les temps difficiles
De la crise à la croissance molle
Alors que l'histoire de la France depuis 1945 avait été marquée par la forte croissance des Trente Glorieuses, les choses changent brutalement à la fin de 1973. La première crise pétrolière qui fait suite à la guerre israélo-arabe d'octobre 1973 aboutit à un quadruplement du prix du pétrole en quelques semaines. Elle est suivie en 1979 d'une seconde crise consécutive à la révolution iranienne et qui aboutit à des prix d'hydrocarbures multipliés par neuf par rapport à 1973. Il en résulte un brusque coup d'arrêt de la croissance économique qui fait place à la crise en 1974-1975. La production industrielle diminue, le commerce extérieur connaît un déficit considérable, et le pays entre dans l'ère de la « stagflation », qui combine stagnation de la production et importante inflation (qui atteint et dépasse 10 %). La conséquence la plus dramatique en est l'augmentation du chômage qui, en quelques années, touche près de 10 % de la population active, chômage dû aux faillites d'entreprises ou aux licenciements opérés pour diminuer les coûts salariaux.
Si une certaine reprise se manifeste à partir des années 1980, celle-ci se marque par une croissance ralentie, inférieure le plus souvent à 2 % et insuffisante pour résorber le chômage, qui devient la préoccupation majeure des Français. Or la situation est d'autant plus préoccupante que, si la crise a été analysée dans un premier temps comme liée au coût croissant des hydrocarbures, on s'aperçoit assez vite que la crise pétrolière a surtout servi de révélateur aux dysfonctionnements structurels de l'économie. En outre, face aux difficultés économiques, l'intervention de l'État et les pratiques keynésiennes utilisées jusque-là apparaissent vite sans effet. La France de la fin du xxe siècle est intégrée dans une économie mondialisée et libérale, où les barrières douanières sont largement démantelées, où les instances de l'Union européenne font triompher les règles de la concurrence, où le marché fait la loi. Du même coup, l'État a perdu une grande partie de ses pouvoirs économiques et n'a de prise ni sur l'activité des firmes multinationales ni sur la décision des entreprises de délocaliser leurs activités vers les pays à faible coût de main-d'œuvre. La France des débuts du xxie siècle fait ainsi figure de pays au faible dynamisme économique, en déclin relatif par rapport aux taux de croissance élevés des nouvelles grandes puissances d'Asie, comme l'Inde ou la Chine, ou à l'essor de la Russie et des pays d'Europe de l'Est.
Du même coup, l'euphorie qui marquait la société française des années de la croissance fait place à la morosité. Malgré quelques reprises éphémères, le chômage se maintient à un niveau élevé, atteignant environ 9 % de la population active, spécifiquement les jeunes de moins de vingt-cinq ans, les femmes, les salariés âgés de cinquante ans et plus. Pour une partie des autres se multiplient les emplois précaires à durée limitée, à temps partiel et à faible taux de rémunération. Ainsi, dans une société où la fraction de la population qui possède des emplois sûrs et bien rémunérés continue à accéder aux multiples biens et services de la société de consommation, de nouvelles poches de pauvreté apparaissent choquantes : le retour de la sous-alimentation pour des familles qui vivent de la charité publique ou privée, la présence dans les rues de « sans domicile fixe » qui s'abritent tant bien que mal du froid ou de la pluie, l'entassement dans des banlieues-ghettos de jeunes désœuvrés et déscolarisés, en partie issus de l'immigration, dont une minorité verse dans la marginalité ou la délinquance. Il existe bien, en ce début du xxi[...]
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Écrit par
- Serge BERSTEIN : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris
Classification
Médias