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FRANCE (Histoire et institutions) Le temps des révolutions

Finir la Révolution (1794-1830)

Reste que la chute brutale de Robespierre avait laissé en suspens une question que tous les régimes politiques français tentèrent de résoudre jusqu'à la IIIe République : comment finir la Révolution ?

Le Directoire (1795-1799) fut une tentative pour revenir à la Révolution de 1789, mais sans le roi, qui était mort. Il rétablit la distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs et se proposa de mettre en place un régime libéral et modéré. Sous l'influence de ces héritiers des Lumières que Napoléon allait nommer « idéologues », il mena une politique volontaire dans le domaine de l'instruction et des sciences, mais, dans le contexte troublé des guerres contre les armées des Princes, affaibli par ses divisions internes, il échoua.

Le Consulat (1799-1804), instauré à la suite du coup d'État du 18-Brumaire, puis l'Empire (1804-1814) du général Bonaparte devenu Napoléon Ier se proposèrent explicitement de finir la Révolution commencée en 1789. Napoléon imposa pour cela une formule directement inspirée de cette Antiquité romaine à laquelle les révolutionnaires étaient tant attachés. Il allait être le nouveau César et, plus encore, le nouvel Auguste de cet Empire moderne qu'était la France. Du même coup, sa légende fut, par la suite, aussi ambiguë que celle de ses prédécesseurs romains. On reconnut à Napoléon son œuvre de consolidation d'un certain nombre d'acquis révolutionnaires – de la division de la France en départements, désormais soumis à l'autorité des préfets, à l'élaboration des Codes civil et pénal en passant par l'exportation, par les armes, des idéaux révolutionnaires en Italie, en Allemagne, en Pologne et jusqu'en Russie. Mais on lui reprocha son refus de la démocratie – dont le symbole honni fut le 18-Brumaire –, sa lutte contre la liberté d'expression, sa volonté de créer une nouvelle dynastie et une nouvelle noblesse, ainsi que la brutalité de la domination impériale dans les régions conquises, laquelle allait engendrer, de l'Allemagne à l'Espagne, des « guerres de libération » contre la France pourtant prétendument libératrice.

Charles X - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Charles X

Commencée deux fois – en 1814 d'abord, puis, après les Cent-Jours, en 1815 –, la Restauration (1815-1830) prétendit opérer un retour à l'Ancien Régime. Sous l'autorité des frères de Louis XVI – Louis XVIII puis, à partir de 1824, Charles X –, la monarchie restaurée entendit « renouer la chaîne des temps » brutalement coupée par la Révolution. Dans une perspective contre-révolutionnaire, donc, ces rois s'appliquèrent, avec beaucoup plus de force dans le cas de Charles X que dans celui de Louis XVIII, à revenir aux principes de l'absolutisme. Loin des ambiguïtés napoléoniennes, le catholicisme redevint religion d'État et Charles X se fit même sacrer roi à Reims, en 1825. Mais, en même temps, la Restauration témoignait de l'impossibilité d'un strict retour à l'Ancien Régime. D'une part, les rois conservèrent, du corps des préfets à celui de l'Université en passant par les Codes civil et pénal certes toilettés, et jusqu'au Concordat, les outils administratifs créés par la Révolution et l'Empire. D'autre part, et surtout, ils s'avérèrent dans l'incapacité de revenir sur le principe de la souveraineté nationale, décrété en 1789, et peinèrent, lorsqu'ils le voulurent, à limiter celui de la liberté d'expression. Bien au contraire, ils durent « octroyer » aux Français une Charte (1814) qui, pour éviter le mot, n'en était pas moins une Constitution. Or cette charte garantissait l'existence de deux Chambres, dont l'une, élue au suffrage censitaire, devenait bon gré mal gré le lieu privilégié de ce débat politique public[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble Alpes

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Médias

Prise de la Bastille - crédits : MPI/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Prise de la Bastille

Charles X - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

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Barricade durant la Commune de Paris - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Barricade durant la Commune de Paris