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FRANCE (Histoire et institutions) Naissance d'une nation

L'apogée du XIIIe siècle

Si le xiiie siècle fut le grand siècle de la chrétienté, il fut surtout celui du rayonnement français.

Unité française et luttes sociales

Ce prestige s'appuie d'abord sur la plus nombreuse population d'Europe qui, au cours du siècle, passe d'environ douze à vingt millions d'habitants, alors que l'Allemagne en a quatorze, l'Italie huit et demi, l'Angleterre quatre. Il repose aussi sur la prospérité économique. Dans le domaine agraire, les progrès sont sans doute dus davantage à une amélioration des techniques (usage plus répandu du cheval de labour, multiplication des labours, progrès de l'assolement triennal) qu'à un accroissement des surfaces cultivées. Au cours du premier tiers du xive siècle, les rendements atteints par le blé dans certains domaines du nord-est de la France sont les plus élevés d'Europe : huit à dix pour un à Roquetoire près de Saint-Omer, à Gosnay près de Béthune et sur des terres de Notre-Dame-des-Prés de Douai. Les vignobles s'étendent et produisent des vins qui se font une vive concurrence. Le sel alimente une exportation de plus en plus importante et fait, avec le vin, la fortune des ports atlantiques (Bayonne, Bordeaux, La Rochelle, Bourgneuf). La guède ou pastel donne lieu à une culture commerciale en Picardie. Les foires de Champagne, qui constituent, au profit de la France, le plus grand centre d'échanges de marchandises et d'argent de la chrétienté, sont à leur apogée. Le développement de l'économie monétaire et du commerce extérieur amène la royauté à frapper de grosses monnaies d'argent (« gros tournois » de Saint Louis) et à reprendre la frappe de l'or (écus d'or de Saint Louis, en 1263). Les finances royales, alimentées surtout par les revenus du domaine royal et des taxes extraordinaires, sont assez prospères pour permettre, sous Philippe le Bel surtout, une « diplomatie de l'écu », sous la forme de distribution de « fiefs-rentes » ou « fiefs de bourse ».

L'accroissement de la population ne se manifeste pas seulement par l'augmentation du nombre d'habitants des agglomérations existantes, la densité du réseau d'habitat croît également. À la campagne se développe un peuplement intercalaire, lié aussi au remembrement de parcelles.

Dans le Sud-Ouest se répand un type spécial de « villes neuves », les « bastides », répondant à des nécessités militaires. En outre, le réseau urbain se renforce. Paris, la ville la plus importante de la chrétienté, compte sans doute 200 000 habitants environ au début du xive siècle (seules Milan et Venise doivent alors dépasser 100 000 habitants) ; Gand, avec 56 000 habitants, Toulouse et Bruges avec 35 000 habitants, Narbonne avec 30 000 habitants, Arras avec 20 000 habitants sont de « grandes villes ». Mais, surtout, de petites et moyennes villes résultent de l'accession de bourgades à des fonctions urbaines.

À l'égard des villes, l'attitude du pouvoir royal est complexe. Saint Louis, dans ses Enseignements à son fils, lui recommandait de protéger les cités dont les contributions militaires et financières lui étaient précieuses pour lutter contre la puissance des seigneurs et contre les étrangers. La royauté, de Louis VII à Philippe V, invoqua le droit d'intervention dans toutes les villes de communes. Cela lui permettait de rétablir les finances fréquemment dilapidées par les bourgeois fortunés et d'intervenir dans la lutte des classes urbaines, le plus souvent cette fois pour soutenir les riches contre les pauvres (à Beauvais en 1233 et 1283, à Périgueux en 1309). De façon générale, la royauté mit les villes en tutelle.

Les conflits entre artisans et patriciat urbain (grands marchands pour la plupart) furent âpres, et la masse des pauvres fournissait aux uns ou[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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France : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : drapeau

Charlemagne - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Charlemagne

L'Empire de Charlemagne - crédits : Encyclopædia Universalis France

L'Empire de Charlemagne