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FRANCE - L'année politique 1996

En France, disait-on en 1996, il y a les optimistes et les pessimistes. Les optimistes pensent que la période est pré-révolutionnaire. Quant aux pessimistes, ils pensent que le gouvernement Juppé va durer. Au-delà de son caractère provocant, cette boutade comporte plusieurs enseignements. Elle dénote un sentiment d'attente, le caractère de transition – ou plutôt de gestation – de la période. Elle souligne l'illusion des apparences, puisque les catastrophes annoncées ne se sont pas produites. Elle montre à quel point le Premier ministre apparaît comme le bouc émissaire de ces inquiétudes et de ces frustrations. Plus profondément cependant, elle renvoie au double sens ou à la double dimension du terme « politique » : le gouvernement des hommes et le gouvernement des choses. La distinction peut servir de fil conducteur.

D'un côté, le plus spectaculaire mais aussi le plus superficiel, l'attention s'est concentrée sur les tribulations du gouvernement, victime d'une croissante impopularité ou pour mieux dire sur celles du Premier ministre, qui polarise sur lui un regard fréquemment négatif. Il paraît caricaturer tout ce que les Français reprochent à leur élite dirigeante : arrogance, froideur, caractère péremptoire du propos, distance créée par les diplômes, justification des choix par des contraintes extérieures, discours de la raison qui rejette la responsabilité politique.

De l'autre, c'est avec constance – ou avec obstination, si on le critique – que le gouvernement a subordonné toute son action à un objectif majeur : réunir les conditions du passage à la monnaie unique, l'euro, en 1999. Louable ou non, réaliste ou non, cet objectif est poursuivi avec une résolution qui transcende la conjoncture. C'est par rapport à lui que s'ordonnent et que doivent être appréciés les différents aspects de l'action gouvernementale et plus largement de la vie politique en 1996.

Le gouvernement Juppé continue

La solidarité affichée du président de la République avec son Premier ministre ne guérit pas la mélancolie parlementaire, qui est surtout celle de la majorité. Quant aux partis, ils s'installent dans une position d'attente, celle de la préparation des futures échéances électorales. Les syndicats s'efforcent, pour leur part, en revenant à leurs racines revendicatives, de redéfinir leurs positions respectives. Bref, chacun tente de s'ajuster aux résultats de l'élection présidentielle et de se situer dans la perspective des prochaines élections à l'Assemblée nationale. Mais cette perspective reste dominée par le désenchantement et l'amertume de l'opinion publique.

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Écrit par

  • : professeur de droit public à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas

Classification

Média

La réponse au plan Juppé - crédits : Steve Eason/ Hulton Archive/ Getty Images

La réponse au plan Juppé