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FRANCE - L'année politique 1996

Un président et un Premier ministre solidaires

La solidarité entre les deux têtes de l'exécutif est de principe sous la Ve République, en dehors des périodes de cohabitation. De ce point de vue, on est revenu à la normale. Toutefois, la pratique a offert de nombreuses variantes, allant de la symbiose (Pompidou-Messmer) à la rivalité puis à la rupture (Pompidou - Chaban-Delmas ; Giscard d'Estaing - Chirac). Au surplus, les frictions entre les entourages sont de droit commun. La singularité de la relation Chirac-Juppé paraît double. D'abord, les entourages semblent solidaires. Ensuite, entre un président qui jouit à l'évidence du bonheur de la fonction en dépit du reproche général de trahison de ses promesses électorales et un Premier ministre qui assume douloureusement le poids de la sienne, la théorie classique du fusible fonctionne de manière inversée : c'est le président qui protège le Premier ministre et non l'inverse ; le second entraîne même le premier dans sa défaveur. Cet état de fait n'avait guère existé qu'avec le gouvernement d'Édith Cresson, que cette situation rendit éphémère. Alain Juppé affirme au contraire devoir durer jusqu'à la fin de la législature (prévue pour 1998).

Pourquoi cette confiance maintenue et constamment réaffirmée ? Le président n'aurait-il pas de solution de remplacement acceptable pour lui ? Veut-il éviter de céder aux pressions, de revenir à une instabilité de style IVe République ? Souhaite-t-il faire conduire jusqu'au bout une politique impopulaire mais nécessaire par un Premier ministre qui l'assume ? Il est clair que Jacques Chirac veut maîtriser la durée, qu'il se sent protégé par sa fonction et que la mort de François Mitterrand lui confère la plénitude et l'exclusivité de la stature présidentielle. La limite de cette solidarité est qu'un remaniement, qui pourrait donner un nouveau souffle à l'exécutif, est écarté par le président. On peut songer au type de relations qui existaient entre de Gaulle et Michel Debré, au début de la Ve République. La différence est toutefois qu'Alain Juppé est en même temps président du R.P.R., donc chef de parti, et plus directement en prise avec les difficultés internes d'une majorité composite.

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Écrit par

  • : professeur de droit public à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas

Classification

Média

La réponse au plan Juppé - crédits : Steve Eason/ Hulton Archive/ Getty Images

La réponse au plan Juppé