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FRANCE L'année politique 1997

Un nouveau Parti socialiste au sein d'une gauche « plurielle »

La victoire du P.S. et de ses alliés aux élections législatives a tenu pour une bonne part à la capacité du premier de présenter de nouvelles têtes et à l'affichage de sa rupture avec le mitterrandisme. Cela n'implique pourtant pas qu'il ait su trouver une doctrine nouvelle, faute de temps pour l'élaborer.

Premier secrétaire délégué du P.S. depuis la nomination de Lionel Jospin à Matignon, François Hollande devint premier secrétaire en titre à la suite du congrès de Brest (21-23 nov.). Ce congrès se traduisit par une union nouvelle des socialistes autour de la motion présentée par François Hollande, les guerres de courants connaissant un apaisement en raison des succès du chef du gouvernement. La motion présentée par la Gauche socialiste, animée par Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon, n'obtint, en effet, que 10,21 p. 100 des votes et celle des ex-poperenistes 5,43 p. 100. Même si l'équipe dirigeante ne paraît pas radicalement nouvelle, l'ouverture à quelques personnalités plus jeunes et à un plus grand nombre de femmes témoignait d'une volonté de changement. Il restait toutefois à définir, exercice toujours périlleux pour un parti au gouvernement, la marge de manœuvre, notamment lors des débats parlementaires, par rapport à l'action des pouvoirs publics.

Le Parti communiste, sous la direction de Robert Hue, poursuit sa délicate rupture avec le communisme doctrinaire et s'engage dans une réévaluation progressive de ses aveuglements complices. Il se trouve surtout obligé d'adopter une position d'équilibre instable entre un soutien au gouvernement où siègent trois ministres communistes, mais dont les principales mesures ne correspondent pas à son programme traditionnel, et un rôle d'aiguillon vers davantage de réformes comme l'y incite sa base militante (voir son soutien aux mouvements de chômeurs). Il est obligé de jouer la carte de la « raison » et de mettre en sourdine toute tentation jusqu'au-boutiste. Mais il ne peut abandonner toutes ses exigences et n'a pas, sur ce plan, l'impression de pouvoir toujours être entendu. Le retrait de son soutien lui donnerait une identité plus forte, mais ne pourrait, inversement, que le conduire à une plus grande marginalisation.

Quant aux Verts, seule force écologiste à disposer d'un poids politique en raison de son alliance avec le P.S., de ses sept députés et de « sa » ministre, ils témoignent d'une conversion rapide à l'écologisme de gouvernement. Au-delà du thème de l'environnement, ils aiguillonnent le gouvernement sur des sujets majeurs, comme l'immigration, l'emploi, voire la politique étrangère, et paraissent désormais incarner une sensibilité de gauche, proche de nombreuses associations, qui ne s'exprime plus guère que dans l'aile gauche du P.S. Alors que l'écologie traditionnelle semblait avoir quasi disparu de la scène politique, les Verts représentent aujourd'hui plus qu'une force d'appoint, comme leur capacité électorale le laisserait supposer, mais bien un courant de pensée avec lequel tout gouvernement de gauche devra compter.

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Média

Lionel Jospin - crédits : Pierre Boussel/ AFP

Lionel Jospin