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FRANCE L'année politique 1999

L'implosion du Front national

La crise violente qui a secoué le Front national (F.N.) à la fin de 1998 se conclut par la scission du mouvement au début de l'année suivante. Bruno Mégret et ses plus proches lieutenants, tel Jean-Yves Le Gallou, mais aussi des responsables qui comme Serge Martinez passaient jusqu'alors pour lepénistes, sont exclus. Se considérant néanmoins comme seuls vrais dépositaires de la marque F.N., dont ils dénoncent les dérives népotiques et les provocations de son fondateur, ils créent, lors du congrès de Marignane les 23 et 24 janvier, un second Front national. La justice va cependant leur infliger une première déconvenue en reconnaissant aux seuls fidèles de Jean-Marie Le Pen le droit de se réclamer du F.N. Les amis de Bruno Mégret doivent rebaptiser leur nouveau parti Mouvement national, puis Mouvement national républicain (M.N.R.). Le président du Front national croit ensuite réaliser un coup de maître avec le ralliement d'un petit-fils du général de Gaulle, prénommé Charles lui aussi, et qui sera deuxième sur sa liste.

Cependant, il apparaît vite que la scission du F.N. contient des germes mortels pour les deux factions. Au manque d'argent va s'ajouter la fuite des électeurs. Les élections européennes sonnent le glas des illusions dans les deux clans. Le Mouvement national, avec 3,3 p. 100 des voix, n'atteint pas la barre des 5 p. 100 qui lui permettrait d'avoir des élus ; Bruno Mégret et Jean-Yves Le Gallou perdent leur siège de député européen. Quant au Front national, il n'obtient que 5,7 p. 100 des voix. À eux deux, F.N. et M.N. recueillent moins de 10 p. 100 des suffrages : c'est le plus faible score de l'extrême droite depuis la percée lepéniste aux élections européennes de 1984. Les élections cantonales ou législatives partielles confirmeront tout au long de l'année cette brutale décrue électorale. Surtout, l'éclatement du F.N., en l'empêchant souvent de se maintenir au second tour, lui enlève une grande partie de sa capacité de nuisance envers la droite.

L'effacement de l'extrême droite a pour effet un certain apaisement du débat politique. Certes le Pacs, finalement adopté le 10 novembre 1999 après un marathon parlementaire de plus d'un an, a de nouveau soulevé les passions. Plus de 100 000 opposants ont défilé dans Paris le 31 janvier précédent. Mais c'est la droite traditionnelle, incarnée par Christine Boutin (U.D.F.), qui est à la pointe du combat. Jusqu'à ce qu'il soit lui-même miné par des divisions internes qui éclatent dès la fin de l'année, le R.P.F. (Rassemblement pour la France), fondé en juin 1999 par Charles Pasqua et Philippe de Villiers, paraît de nature à recueillir les électeurs lepénistes déboussolés. Caractéristique du nouveau climat est la réouverture d'un débat, plus serein que dans les années 1980, sur le droit de vote des étrangers aux élections municipales. Mais, à gauche, d'autres questions vont secouer la majorité plurielle.

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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