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FRANCE L'année politique 1999

Tempêtes sur la majorité plurielle

Ce sont les Verts qui font l'actualité à la fin de l'été de 1999. Ils réclament avec force un moratoire sur la construction de centrales nucléaires et l'introduction de la proportionnelle aux élections législatives. Souvent embarrassée par les déclarations de ses amis, et notamment par celles de Daniel Cohn-Bendit, qu'elle voit sans plaisir revenir en France, Dominique Voynet menace même de démissionner au cas où Lionel Jospin lancerait la construction d'une nouvelle génération de centrales nucléaires.

Relativement silencieux depuis la victoire de la gauche en juin 1997, Laurent Fabius sort progressivement de sa réserve. Il a été blanchi par la Cour de justice de la République, qui a fait ses premières armes avec le procès de trois anciens ministres pour l'affaire du sang contaminé, en février 1999. Fin août, il plaide pour une baisse des impôts directs (que refuse encore Lionel Jospin) et avertit : « La gauche peut être battue sur la question fiscale. » Tout au long de l'automne, il se démarque du gouvernement sur des questions telles que la décentralisation, la réforme de la justice ou la responsabilité pénale des élus. À la fin de l'année 1999, alors que le gouvernement a in extremis reconnu 11 milliards de francs supplémentaires de recettes (il en avait déjà acté 13 autres milliards au début de la discussion budgétaire et relèvera encore ses estimations au début de 2000), le président de l'Assemblée nationale se joint à la droite pour mettre en cause la « sincérité » des budgets présentés par le gouvernement.

Le président de l'Assemblée nationale a-t-il voulu profiter d'un léger passage à vide de son éternel rival ? Car Lionel Jospin a « raté » sa rentrée. Son discours de La Rochelle, le 29 août 1999, sur l'alliance des classes moyennes et des classes populaires, paraît trop vague et trop abstrait. Son intervention sur France 2, le 13 septembre suivant, où il explique que « l'État ne peut pas tout », alors que Michelin annonce à la fois des bénéfices et des licenciements, laisse la gauche sur sa faim. Mais le Premier ministre corrige le tir dès le 28 septembre, aux journées parlementaires socialistes de Strasbourg, en prononçant un véritable discours-programme pour la seconde partie de son mandat théorique. Il propose notamment une loi de régulation économique et un plan de lutte contre la précarité.

Tout cela n'est pas de nature à satisfaire le P.C. qui, à l'automne de 1999, est cette fois à la pointe de la grogne. Les communistes manifestent dans la rue le 16 octobre, officiellement pour la défense de l'emploi, en fait contre une bonne partie de l'action du gouvernement qu'ils soutiennent par ailleurs. Robert Hue enregistre à cette occasion une déconvenue, puisque la C.G.T., officialisant sa nouvelle ligne d'autonomie, refuse d'appeler à la manifestation. Le P.C. souffle en permanence le chaud et le froid. Emmenés à l'Assemblée par Maxime Gremetz, les députés communistes menacent de ne pas voter la seconde loi sur les 35 heures, avant de s'incliner moyennant quelques concessions mineures : la loi est définitivement adoptée le 17 décembre 1999. Le 2 novembre, ils annoncent leur intention de rejeter le projet de financement de la Sécurité sociale. Face à la menace de démission brandie par Lionel Jospin, il s'inclinent encore et s'abstiennent, comme les années précédentes. Le gouvernement est passé près de la crise. Ce ne fut pas la seule fois de cette année 1999.

De nouvelles révélations de Christine Deviers-Joncour mettant cette fois directement en cause Roland Dumas dans l'affaire Elf rendent la position de celui-ci intenable. Le 24 mars, il se met en congé du Conseil constitutionnel et de sa présidence, sous la pression discrète de[...]

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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