FRANCE L'année politique 2001
Politiquement, l'année 2001 fut riche : non seulement elle vit se dérouler trois élections (municipales, cantonales et sénatoriales), mais elle marqua le début de la campagne pour l'élection présidentielle et les élections législatives de 2002. Les conflits dans la cohabitation entre les deux têtes de l'exécutif, un temps atténués par les dramatiques événements du 11 septembre aux États-Unis, se développèrent en même temps que, comme il arrive souvent en année préélectorale, se renforçaient les revendications sociales.
Des élections municipales contrastées
Les élections municipales des 11 et 18 mars 2001, les premières où s'appliqua la loi sur la parité, offrent plusieurs clés de lecture suivant l'angle adopté. On peut à la fois souligner que la gauche l'a emporté sur la droite dans deux des trois grandes villes, en gagnant Paris et Lyon, qu'elle a limité ses pertes dans les trente-cinq villes de plus de 100 000 habitants en perdant six villes, mais en en conquérant trois (tabl. 1), qu'elle a connu un revers important en ce qui concerne les deux cent quarante-quatre villes de plus de 30 000 habitants, avec un solde négatif net de vingt-trois (contre un gain net de 24 pour la droite) et pour les cinq cent quatre-vingt-trois villes de plus de 15 000 habitants (perte nette de 42 municipalités contre un gain net de 40 pour la droite) et que la stabilité domine si l'on considère les villes de plus de 3 500 habitants, dont seulement quatorze ont été perdues par la gauche (tabl. 2). On peut aussi considérer, pour prendre les neuf cent trente-six communes de plus de 9 000 habitants, que la gauche plurielle progresse, et notamment le Parti socialiste, mais surtout les Verts lorsqu'ils sont présents. Pourtant, c'est plutôt le sentiment d'un avertissement donné à la gauche qui a marqué l'opinion, frappée par la défaite de plusieurs membres du gouvernement (Élisabeth Guigou à Avignon, Pierre Moscovici à Montbéliard, Jack Lang à Blois, Jean-Claude Gayssot à Béziers, Dominique Voynet à Dole), tandis que le score de Martine Aubry, élue à la mairie de Lille, peut être considéré comme décevant. On notera également que si l'extrême droite perd Toulon elle garde Orange, Marignane et Vitrolles. Ces élections sont également marquées par les bons scores des candidats des Verts et par des échecs nombreux pour les candidats communistes, le Parti communiste gagnant Sevran et Arles, mais perdant Argenteuil, Goussainville, Nîmes, La Ciotat, Tarbes, La Seyne-sur-Mer, Sète, Évreux, Drancy, Sens, Colombes et de nombreuses autres villes de la région parisienne – il conserve au total cinquante-trois municipalités de plus de 15 000 habitants alors qu'il en détenait soixante-quatorze auparavant.
De fait, les élections municipales comportent simultanément une dimension nationale et un aspect local. Sur le plan national, certains électeurs, votant traditionnellement à gauche, ont souhaité sanctionner le gouvernement – et le taux élevé d'abstentions pour des élections municipales, importantes notamment chez les électeurs traditionnels de la gauche, en donne un éclairage> (tabl. 3). L'électorat le plus populaire s'est souvent abstenu et, quand il a voté, a majoritairement préféré la droite. Sur un plan local, le « parachutage » de personnalités trop parisiennes et soupçonnées de ne pas s'investir dans la gestion de leur ville, l'adhésion à la politique comme à la personnalité du maire sortant ou leur rejet – Jean-Pierre Sueur et Catherine Trautmann en firent les frais – sont des facteurs déterminants. Les divisions de la droite et ses querelles internes – à Paris, entre les partisans d'un Philippe Séguin, souvent jugé trop peu impliqué dans sa campagne, et ceux du maire sortant, Jean Tiberi ; à Lyon, entre les soutiens de[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias