FRANCE L'année politique 2001
L'objectif de l'élection présidentielle de 2002
À la fin de 2001, alors que les deux têtes de l'exécutif n'avaient pas encore officiellement annoncé leur candidature – le Premier ministre se déclarant seulement « candidat probable » –, les prétendants se sont multipliés. Ainsi, devaient alors être candidats (sauf renoncement ultérieur ou impossibilité de réunir les cinq cents signatures d'élus nécessaires), François Bayrou (U.D.F.), Olivier Besancenot (L.C.R.), l'ancien préfet et président de la R.A.T.P. et d'Air France Christian Blanc, Christine Boutin (candidate dissidente de l'U.D.F.), Jean-Pierre Chevènement (M.D.C.), Robert Hue (P.C.F.), Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), Jean-Marie Le Pen (Front national), l'ancien ministre de l'Environnement du gouvernement Juppé et avocate Corinne Lepage (écologiste), Alain Madelin (Démocratie libérale), Noël Mamère (Verts), Bruno Mégret (M.N.R.), Christiane Taubira (P.R.G.) et peut-être Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Le souci des deux candidats potentiels majeurs, Jacques Chirac et Lionel Jospin, traduisait l'opinion générale selon laquelle ce serait entre eux deux que se jouerait l'élection : faire en sorte que ces candidatures si nombreuses, d'une part, ne conduisent pas à une trop forte dispersion des suffrages au premier tour, d'autre part, jouent le rôle de réservoir de voix pour le second, indépendamment des consignes de vote que tel ou tel candidat, absent du second tour, pourrait donner. De surcroît, l'élection présidentielle étant l'élection phare sous la Ve République, elle sert de révélateur de la force de chaque parti. La décision prise en avril 2001 par le Parlement de fixer l'élection présidentielle (21 avril et 5 mai 2002) avant les législatives (prévues pour les 9 et 16 juin 2002) avait entériné cette hiérarchie.
Cette désignation des candidatures n'a pas toujours été sans heurts. Dans un premier temps, et après une procédure houleuse, Alain Lipietz avait ainsi été désigné candidat des Verts. Certaines déclarations malencontreuses, notamment sur la possible amnistie des crimes de sang en Corse, et la révélation de divers éléments de son parcours politique passé ont finalement conduit à ce que son adversaire malheureux dans la course à la candidature, Noël Mamère, le remplace pour porter les couleurs de ce parti. Chacun admettait que ce dernier, ancien journaliste de télévision, aurait fort à faire pour apporter une crédibilité nouvelle à cette composante politique, dont la personnalité la plus charismatique, Daniel Cohn-Bendit, semble se situer quelque peu en retrait. La candidature de la députée U.D.F. Christine Boutin, qui fut en pointe dans la lutte contre le Pacs, était également mal acceptée dans son parti où même l'investiture officielle de son président, François Bayrou, ne recueillait pas l'unanimité. La faible notoriété de ce dernier, le médiocre pourcentage d'intentions de vote dont il était crédité faisaient d'autant plus réfléchir certains des dirigeants de l'U.D.F., notamment Philippe Douste-Blazy, qu'un soutien au président de la République, s'il était réélu, pourrait présenter des avantages dans la perspective de la formation du futur gouvernement – ce qu'avait bien compris Alain Madelin, moins virulent à l'égard du chef de l'État que le président de l'U.D.F. À gauche, d'aucuns craignaient qu'un score faible réalisé par le candidat communiste ne ternisse un peu plus l'image du P.C.F., alors que la concurrence de l'extrême gauche, déjà sensible aux régionales et aux européennes, s'annonçait rude. L'émergence de Jean-Pierre Chevènement, que certains sondages plaçaient, à la fin de l'année 2001, en troisième position avec de 11 à 13 p. 100 des intentions de[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias