FRANCE L'année politique 2001
Les difficultés de la gauche plurielle
La fatigue liée à l'exercice du pouvoir, le nombre significatif de membres du gouvernement battus aux élections municipales, les surenchères de certaines composantes de la majorité plurielle, les révélations sur le passé trotskiste de Lionel Jospin, la polémique sur les fonds spéciaux, nées avec la révélation de l'achat en espèces de billets d'avion par Jacques Chirac mais ternissant l'image de moralité mise en avant dès 1997 par le chef du gouvernement, ainsi que certains déboires politiques (remontée du chômage, assombrissement des perspectives de croissance, reprise des attentats en Corse, chiffres élevés de la délinquance, rejet par le Conseil constitutionnel des dispositions permettant d'assurer le financement des 35 heures et, au début de l'année 2002, d'une disposition importante relative aux licenciements économiques contenue dans la loi de modernisation sociale, fronde des gendarmes, des policiers et d'autres catégories sociales, etc.), l'accusation par la gauche comme par la droite de ne pas réformer suffisamment placent dès 2001 le gouvernement dans une situation difficile. Pour son chef, candidat « probable » à la présidentielle, un jeu subtil s'impose : obligé désormais d'assurer ses fonctions jusqu'au bout et de tenter de faire mentir la règle qui veut qu'un Premier ministre en exercice échoue toujours à la présidentielle, il doit à la fois apparaître comme un candidat et comme un chef de gouvernement qui continue à placer les impératifs de bonne gestion avant les concessions électorales. Il ne peut non plus, sans compromettre sa crédibilité, ni rejeter son propre bilan ni se présenter comme celui qui fera plus tard ce qu'il n'a pas réalisé en cinq ans. En même temps, il doit se montrer capable de proposer autre chose que la simple continuation de l'action passée et de répondre à des attentes qu'il ne peut mépriser.
Pour le Parti socialiste, l'enjeu est décisif. Dès novembre 2001, il a présenté son projet, document consensuel et soigné, mais reconnu comme peu mobilisateur et dont il a été annoncé qu'il ne sera pas le projet du candidat. Mais le principal problème du P.S. provient de ses rapports avec les autres composantes de la gauche plurielle. Pour empêcher la fuite d'une partie de sa clientèle vers l'extrême gauche ou vers certaines associations contestataires, le P.C.F., qui s'est doté lors de son XXXIe congrès, à la fin d'octobre 2001, d'une direction bicéphale (Marie-George Buffet au secrétariat national du parti, Robert Hue à sa présidence), conteste de plus en plus régulièrement une action gouvernementale trop timorée et un Parti socialiste trop « libéral », tandis que les Verts font bientôt monter la pression sur les investitures aux élections législatives.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias