FRANCE L'année politique 2001
La difficile union de l'opposition
Au cours de l'année 2001, la droite a été rassérénée par un certain piétinement de la gauche, mais surtout par la situation personnelle de Jacques Chirac. Conforté par la décision de la Cour de cassation qui affirme son immunité pénale et par l'absence d'aboutissement de la démarche du député P.S. Arnaud Montebourg visant à le faire mettre en accusation par la Haute Cour de justice (dont la Cour de cassation a rappelé la compétence pour les seuls cas de haute trahison), fortifié par l'autorité qu'ont pu lui donner les événements internationaux, enhardi par des sondages qui le placent en tête du second tour de l'élection présidentielle et par l'absence de décollage des intentions de vote en faveur de ses concurrents de droite, jouant des difficultés du gouvernement et des incompréhensions de l'opinion sur la Corse, la croissance économique, l'insécurité, les grèves dans le secteur public, la réforme des retraites, l'application des 35 heures, la démocratie sociale, voire le divorce avec une partie des armées, le président de la République sait aussi qu'il aura besoin d'un camp mieux organisé et crédible.
Or l'opposition paraît éprouver des difficultés à faire émerger une structure unique et ses personnalités les plus connues (Édouard Balladur, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Philippe Séguin, ou les candidats à la présidentielle de l'U.D.F. et de Démocratie libérale) ne peuvent souvent, pour différentes raisons, apparaître comme fédératrices. La droite est forte dans de nombreux bastions locaux, mais ne dispose pas d'un « leader » naturel autre que le président de la République. De surcroît, le R.P.R. craint fort de se dissoudre dans une structure où il perdrait une partie de son héritage, tandis que les autres composantes de la droite redoutent une domination du parti néo-gaulliste. Chacun des trois partis de la droite élabore d'ailleurs son programme de façon autonome. Pour autant, une nouvelle structure a été constituée, l'Union en mouvement (U.E.M.), succédant à Alternance 2002, qui prévoit la création après les élections législatives d'une formation pluraliste de la droite et du centre. De manière significative, cette formation est animée par de relativement jeunes élus, d'environ quarante ans : son président, Renaud Dutreil (U.D.F.), est secondé par Hervé Gaymard (R.P.R.), secrétaire, et Dominique Bussereau (D.L.), trésorier. Prompte à soutenir Jacques Chirac plutôt que les candidats des deux autres formations de l'opposition, l'Union en mouvement est portée sur les fonts baptismaux par Alain Juppé, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Philippe Douste-Blazy .
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias