FRANCE L'année politique 2001
Un climat politique et social troublé
L'année 2001 n'a certainement pas été politiquement sereine. Les critiques du chef de l'État concernant la politique gouvernementale, formulées à l'occasion même du traditionnel entretien du 14 juillet, les piques de membres du gouvernement et du directeur du cabinet du Premier ministre, fussent-elles voilées, à l'égard du président de la République ont mis fin à la cohabitation paisible des premières années, malgré l'unanimité de façade affirmée lors de la lutte contre le terrorisme. Si la perspective d'une mise en cause de Jacques Chirac dans les « affaires » de la Ville de Paris et le paiement en liquide de billets d'avion utilisés à titre privé par sa famille et ses collaborateurs s'éloigne, et si tant Dominique Strauss-Kahn que Robert Hue ont été relaxés, d'autres mises en examen d'hommes politiques continuent à alimenter le feuilleton judiciaro-politique.
Mais, au-delà de la classe politique elle-même, c'est la société et l'économie qui semblent entrées dans une conflictualité nouvelle dont les effets politiques sont certains. La multiplication des manifestations de protestation de différentes corporations ou les conflits sociaux liés à la fermeture de certains sites de production paraissent exiger des pouvoirs publics une réponse qui sera naturellement exploitée dans le combat politique. Pour le gouvernement de gauche en particulier, le dilemme se situe entre l'impossibilité de ne pas répondre aux angoisses de personnes affrontées à la précarité et la même impossibilité d'en limiter les conséquences par un volontarisme étatiste à courte vue. Il reste que les mouvements de protestation, qui peuvent être relayés par des associations et non plus seulement par des partis et par des syndicats, perturbent le jeu politique traditionnel. Dans ce cadre-là, le patronat entend naturellement être un acteur à part entière : les projets de « refondation sociale » du Medef, qui l'ont conduit jusqu'à proposer une réforme radicale de la Sécurité sociale, et les nombreux travaux des groupes d'experts patronaux (Institut de l'entreprise, notamment) ont plus alimenté le débat politique que les propositions formulées par les partis. On a vu aussi des patrons, y compris de gauche, interpeller le gouvernement sur les conséquences, à leurs yeux funestes, de la loi sur les nouvelles régulations économiques et, plus encore, de la loi de modernisation sociale. Et les difficultés d'application et de financement des 35 heures ne sont pas résolues.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias